Insertion d’Isaac de Ninive dans le Martyrologe Romain
Samedi 9 novembre, à l’occasion de la visite de Sa Sainteté Mar Awa III et des membres de la Commission mixte de dialogue théologique entre l'Église catholique et l'Église assyrienne de l'Orient, le Saint Père annoncé l’insertion dans le Martyrologe romain de Saint Isaac de Ninive, également connu sous le nom d'Isaac le Syrien, un des Pères les plus vénérés de la tradition syro-orientale.
Moine et évêque de la seconde moitié du VIIe siècle, Isaac de Ninive appartenait à la tradition pré-éphésienne, c'est-à-dire aux Églises de tradition assyro-chaldéenne. Né dans l'actuel Qatar, où il fit une première expérience monastique, il fut ordonné évêque de la ville de Ninive, près de l'actuelle Mossoul (Irak), entre 676 et 680, par le Catholicos de Séleucie-Ctésiphon, Georges Ier. Après quelques mois d'épiscopat, il demanda à retourner à la vie monastique en se retira au monastère de Rabban Shabur à Beth Huzaye (actuel sud-ouest de l'Iran). C'est là qu'il composa plusieurs recueils de discours au contenu ascético-spirituel qui le rendirent célèbre.
Malgré le fait qu'il appartenait à une Église qui n'était plus en communion avec aucune autre Église, parce qu'elle n'avait pas accepté le concile d'Éphèse en 431, les écrits d’Isaac ont été traduits dans toutes les langues parlées par les chrétiens : grec, arabe, latin, géorgien, slave, éthiopien, roumain et autres. Isaac est ainsi devenu une autorité spirituelle majeure, notamment dans les milieux monastiques de toutes traditions, qui l'ont rapidement vénéré parmi leurs saints et leurs pères.
L’insertion d’Isaac le Syrien dans le Martyrologe romain illustre que la sainteté ne s'est pas arrêtée avec les séparations et existe au-delà des frontières confessionnelles. Comme le déclare le Concile Vatican II : « Il est juste et salutaire de reconnaître les richesses du Christ et sa puissance agissante dans la vie de ceux qui témoignent pour le Christ parfois jusqu’à l’effusion du sang, car Dieu est toujours admirable et doit être admiré dans ses œuvres » (Unitatis Redintegratio 4). Saint Jean-Paul II déclara de son côté que « la voix de la communio sanctorum est plus forte que celle des fauteurs de division » (Tertio Millenio Adveniente 37) et que « selon un point de vue théocentrique, nous avons déjà, nous chrétiens, un Martyrologe commun » (Ut Unum Sint 84).
Le récent Synode sur la Synodalité a aussi rappelé que l'exemple des saints des autres Églises est « un don que nous pouvons recevoir en incluant leur mémoire dans notre calendrier liturgique » (Document final 122).
On peut espérer que l'inscription au martyrologe romain d'Isaac de Ninive, témoin du précieux patrimoine spirituel chrétien du Moyen-Orient, contribuera à la redécouverte de son enseignement et à l'unité de tous les disciples du Christ.