Présentation du document

 

L'ÉVÊQUE DE ROME

PRIMAUTÉ ET SYNODALITÉ DANS LES DIALOGUES ŒCUMÉNIQUES
ET RÉPONSES À L'ENCYCLIQUE UT UNUM SINT

 

 

Cardinal Kurt Koch
Préfet du Dicastère pour la promotion de l'unité des chrétiens

 

Sale de Presse du Saint-Siège, 13 juin 2024

 

Le document d’étude L’évêque de Rome est le premier document qui synthétise l’ensemble de la discussion œcuménique concernant le service de la primauté dans l’Eglise. Son origine remonte à l'invitation adressée par saint Jean-Paul II aux autres chrétiens à trouver, « évidemment ensemble », les formes dans lesquelles le ministère de l'évêque de Rome « pourra réaliser un service d'amour reconnu par les uns et par les autres » (UUS 95). Depuis 1995, de nombreuses réponses à cette invitation ont été formulées, ainsi que des réflexions et diverses suggestions issues des dialogues théologiques.

En 2020, à l'occasion du 25e anniversaire de l’encyclique Ut unum sint, le dicastère pour la promotion de l’unité des chrétiens a vu l'opportunité de synthétiser ces réflexions et d’en récolter les principaux fruits. Le pape François invitait lui-même à le faire en notant dans Evangelii gaudium que « nous avons peu avancé à cet égard » (EG 32). Par ailleurs, la convocation du Synode sur la synodalité a confirmé la pertinence de ce projet de notre Dicastère en tant que contribution à la dimension œcuménique du processus synodal.

Le statut du texte est celui d'un « document d'étude » qui ne prétend pas épuiser le sujet ni résumer le magistère catholique en la matière. Son but est d'offrir un résumé objectif des développements récents de la discussion œcuménique officielle et non officielle sur le sujet, reflétant ainsi les idées mais aussi les limites des documents de dialogue eux-mêmes. Outre la synthèse, le document se termine par une brève proposition de la Plénière de notre Dicastère, intitulée « Vers un exercice de la primauté au XXIe siècle », qui identifie les suggestions les plus significatives avancées par les différents dialogues pour un exercice renouvelé du ministère d'unité de l'évêque de Rome.

Le document est le fruit d'un travail véritablement œcuménique et synodal de près de trois ans. Il résume quelque 30 réponses à Ut unum sint et 50 documents de dialogue œcuménique sur le sujet. Il a impliqué non seulement le personnel, mais aussi tous les membres et consulteurs du Dicastère qui l'ont discuté lors de deux réunions plénières. Les meilleurs experts catholiques sur le sujet ont aussi été consultés, ainsi que de nombreux experts orthodoxes et protestants, en collaboration avec l’Institut d’études œcuméniques de l’Angelicum. Enfin, le texte a été envoyé à divers dicastères de la Curie romaine et au Synode des évêques. Au total, plus d'une cinquantaine d'avis et de contributions écrites ont été pris en compte. Tous ont salué l'initiative, la méthodologie, la structure et les idées principales du document.

Parmi les principales conclusions du document L’évêque de Rome, on peut d’abord retenir que les documents de dialogue et les réponses à Ut unum sint ont apporté une contribution significative à la réflexion sur la question de la primauté et de la synodalité. La conclusion la plus importante est que tous les documents concordent sur la nécessité d’un service d’unité au niveau universel, même si les fondements de ce service et les modalités de son exercice font l’objet de différentes interprétations. A la différence des polémiques du passé, la question de la primauté n’est plus considérée seulement comme un problème mais aussi comme une opportunité pour une réflexion commune sur la nature de l'Église et sa mission dans le monde. Une idée particulièrement intéressante est que le ministère pétrinien de l'évêque de Rome est intrinsèque à la dynamique synodale, de même que l'aspect communautaire qui inclut tout le Peuple de Dieu et la dimension collégiale du ministère épiscopal.

Le Document suggère aussi des étapes futures pour les dialogues théologiques. Il propose notamment de promouvoir la réception des résultats des dialogues à tous les niveaux, et aussi la connexion entre les dialogues – locaux et internationaux, officiels et non officiels, bilatéraux et multilatéraux, orientaux et occidentaux – en vue d’un mutuel enrichissement. Il suggère aussi d’étudier conjointement la primauté et la synodalité, qui ne sont pas deux dimensions ecclésiales concurrentes, mais plutôt deux réalités mutuellement constitutive. Il souligne la nécessité d’une clarification du vocabulaire sur la question, à la fois pour les théologiens et pour le Peuple de Dieu.

En ce qui concerne les principes et propositions pour un exercice renouvelé de la primauté, le document développe certaines suggestions avancées par les dialogues, notamment une « relecture » ou un commentaire officiel de Vatican I, une distinction plus claire entre les différentes responsabilités du Pape, un renforcement de la synodalité de l'Église catholique ad intra et ad extra, en particulier en vue de la commémoration du 1700e anniversaire du Concile de Nicée, le premier Concile œcuménique, en 2025. Le document propose enfin quelques principes pour un modèle de pleine communion fondé sur « un service d'amour reconnu par les uns et par les autres » (UUS 95).

Nous espérons que ce document favorisera non seulement la réception des dialogues sur ce sujet important, mais qu'il stimulera également d'autres idées théologiques et suggestions pratiques. A cette fin, notre Dicastère, en collaboration avec le Secrétariat général du Synode, a l'intention d'envoyer ce document aux responsables des autres Églises, afin de poursuivre la réflexion « évidemment ensemble ». Une présentation plus détaillée du document avec des théologiens de diverses traditions sera proposée ce soir à 17h à l’Œcumenicum, l’Institut d’étude œcuméniques de l’Angelicum.