DÉCLARATION DES COPRÉSIDENTS DE LA COMMISSION INTERNATIONALE ANGLICANE - CATHOLIQUE ROMAINE
à l’occasion de la publication du document Le don de l’autorité
12 mai 1999
(Abbaye de Westminster - Londres)
1. Les antécédents: dialogue officiel anglican-catholique au niveau international
En mars 1966, l’Archevêque de Cantorbéry d’alors, Dr Michael Ramsay, rendit une visite officielle au Pape Paul VI à Rome. Cette rencontre inaugurait une nouvelle ère dans les relations entre la Communion anglicane et l’Église catholique, l’accent étant mis sur la charité chrétienne et sur les efforts sincères en vue d’éliminer les causes de conflit et de rétablir l’unité.
La décision fut prise d’établir un dialogue international officiel dont le travail eût pu conduire à l’unité dans la vérité, pour laquelle le Christ a prié. La Commission internationale anglicane-catholique romaine (ARCIC) s’est mise à l’œuvre en 1970. Il s’agit d’un dialogue international dont les membres sont des spécialistes officiellement nommés pour représenter la Communion anglicane et l’Eglise catholique à travers le monde.
Au début, trois principaux points de dialogue ont été assignés à l’ARCIC: la doctrine de l’eucharistie: ministère et ordination, et l’autorité dans l’Eglise. Plusieurs Déclarations communes, adoptées au cours du travail de la Commission, ont été réunies et publiées ensemble en 1981 dans un document appelé Rapport final, soumis aux deux Églises pour évaluation et réception. La Communion anglicane a donné sa réponse officielle dans une résolution adoptée en 1988 par la Conférence de Lambeth. L’Eglise catholique a répondu en 1991.
Depuis la publication du Rapport final, ARCIC a adopté plusieurs Déclarations communes concernant d’autres sujets importants sur lesquels le Pape Jean-Paul II et l’Archevêque Robert Runcie, lors de leur rencontre à Cantorbéry en 1982, avaient demandé à la Commission d’engager un dialogue. Le don de l’autorité qui est publié aujourd’hui est la quatrième Déclaration de cette seconde phase du travail d’ARCIC.
Nous sommes heureux de mettre ce document en circulation dans un lieu qui date de l’époque antérieure à nos divisions. Nous espérons que cette nouvelle Déclaration contribuera à y mettre fin. C’est un document destiné aux chrétiens anglicans et catholiques des nombreux pays où ils vivent côte à côte partout dans le monde. Il a déjà été envoyé aux Primats anglicans et aux Présidents des Conférences épiscopales catholiques, et des traductions seront disponibles en plusieurs langues ainsi que sur le réseau internet mondial.
2. Pourquoi la Commission ARCIC a-t-elle préparé une nouvelle déclaration sur l’autorité?
Avant même le début du dialogue, il était clair que la question de l’autorité dans l’Eglise aurait exigé une grande attention. L’autorité, en particulier l’autorité de l’évêque de Rome, avait été un élément-clé de la division qui s’est produite à l’époque de la Réforme anglaise. Pendant quatre siècles, la Communion anglicane et l’Eglise catholique ont développé séparément leurs structures de l’autorité, et les anglicans ont vécu sans le ministère de l’évêque de Rome.
Le Rapport final a consacré deux Déclarations communes et une ‘Elucidation’ à la question de l’autorité dans l’Eglise. Elles montrent qu’il existe déjà un accord considérable, reconnu par nos deux Eglises, sur:
la façon dont l’autorité opère dans l’Eglise;
le rôle particulier des évêques;
et, ce qui est très important, sur la signification de l’évêque de Rome dans une Eglise réunifiée, et la place que son ministère occupe dans le plan providentiel de Dieu pour son Eglise.
Alors, pourquoi la Commission ARCIC revient-elle sur cette question?
Tout d’abord, parce que le Rapport final lui-même reconnaissait que, malgré les importants progrès réalisés, quelques problèmes sérieux restaient encore à résoudre.
En second lieu, parce que les réponses officielles anglicane et catholique au Rapport final demandaient à ARCIC de le faire. Elles faisaient remarquer que les Déclarations contenues dans le Rapport final offraient une excellente base pour un dialogue ultérieur. Les principaux points soumis à la Commission sont mentionnés au paragraphe 3 de Don de l’autorité.
Une troisième raison est que cette nouvelle Déclaration contribuera, on l’espère, au débat sur l’autorité qui a lieu dans les deux Eglises. La Conférence de Lambeth de 1998 a demandé aux anglicans que les importantes questions sur l’autorité dans la Communion anglicane, soulevées dans le Virginia Report préparé pour la Conférence, soient l’objet de réflexion et d’étude. Parmi ces questions figure celle de l’autorité universelle dans l’Eglise. Le Pape Jean-Paul II, dans son encyclique de 1995, Ut unum sint, a également fait appel à un dialogue patient et fraternel sur le ministère d’unité de l’évêque de Rome, de façon à pouvoir être accepté par tous.
Enfin, à moins de parvenir à un accord suffisant sur l’autorité, qui touche tant d’aspects de la vie de l’Eglise, “nous ne pourrons atteindre la pleine unité visible à laquelle nous sommes tous deux engagés”, comme l’ont dit clairement l’Archevêque Carey et le Pape Jean-Paul II lorsqu’ìls se sont rencontrés en 1996
3. Quel genre de Déclaration est Le don de l’autorité?
Elle est le résultat de cinq années de dialogue, d’écoute patiente, d’étude et de prière.
La Commission a répondu aux demandes de nos autorités respectives. Avec leur autorisation, ce document est à présent publié sous forme de Déclaration adoptée par la Commission et soumise à la réflexion et à l’examen de nos Eglises.
La Déclaration s’appuie sur tout le travail antérieur d’ARCIC concernant l’autorité – d’où son sous-titre, Autorité dans l’Eglise III. Par conséquent, elle doit être lue parallèlement aux Déclarations communes précédentes. C’est un texte riche, étayé d’arguments sérieux, dont chaque phrase est importante en vue des conclusions auxquelles on veut parvenir. Elle exigera donc une étude et une réflexion attentives de la part de nos deux Communions.
Il importe de bien comprendre ce que les membres de la Commission ont essayé de faire: ils se sont efforcés d’exprimer ce qui découle de notre foi commune, ainsi qu’ils le croient fermement; autrement dit, ils se sont engagés de leur mieux dans le dialogue en tant que représentants des deux Eglises, non pas en entamant une sorte de négociation, mais en cherchant à exprimer ensemble ce qu’ils croient être l’exigence de la foi.
Le titre du nouveau document indique une orientation très importante. L’autorité dans l’Eglise, correctement comprise, est un don de Dieu qui doit être reçu avec gratitude.
Une image scripturaire, prise dans la deuxième Epître aux Corinthiens de saint Paul, est utilisée à plusieurs reprises pour que soit toujours présent à notre esprit l’objet suprême de l’autorité. L’autorité sert à rappeler à l’Eglise le “oui” de Dieu à l’humanité en Jésus Christ et permet à ses membres de répondre par un “amen” fidèle, en suivant la voie du Christ.
Ensuite est exposée en grandes lignes la façon dont l’autorité est exercée à différents niveaux dans la vie de l’Eglise, y compris comment le peuple de Dieu transmet la Tradition dans l’espace et dans le temps, et le rôle particulier des évêques dans le discernement et l’articulation de cette foi de l’Eglise, et en s’assurant que toutes les Eglises sont en communion les unes avec les autres.
Le document indique qu’il y a accord sur le fait que le collège des évêques a le pouvoir d’émettre un jugement qui, fidèle aux Ecritures et conforme à la Tradition apostolique, est exempt de toute erreur (cf. n· 42). Ce devoir de maintenir l’Eglise dans la vérité est “une des fonctions essentielles du collège épiscopal” (n· 44).
La Déclaration s’appuie sur l’accord concernant l’évêque de Rome dans le précédent travail d’ARCIC, et présente une entente sur son ministère spécifique au sein du collège des évêques dans le discernement de la vérité, qui a été à l’origine de tant de difficultés et de malentendus. Le document s’efforce de préciser qu’en certaines circonstances, l’évêque de Rome a le devoir de discerner et de rendre explicite, dans la fidélité à l’Ecriture et à la Tradition, la foi authentique de toute l’Eglise, c’est-à-dire la foi de tous les baptisés en communion entre eux. La Commission estime que cela est un don qui doit être reçu par toutes les Eglises et que c’est la conséquence de la reconnaissance de la primauté de l’évêque de Rome
4. Et ensuite?
L’étude détaillée de cette Déclaration va évidemment offrir des stimulations à nos deux Eglises, concernant la façon dont l’autorité y est exercée. Quelques-unes de ces stimulations sont mentionnées dans la dernière partie du document. La tâche de la Commission était d’engager le dialogue sur une question importante et difficile. Elle estime être parvenue à un nouvel accord qu’elle soumet à nos Eglises. Il appartient à nos autorités de décider en temps opportun si notre foi peut se reconnaître dans cette nouvelle Déclaration commune et comment traiter les conséquences qu’elle entraîne.