Colloque international « En 500 après Martin Luther. Réception et conflits d’interprétation (1517-2017) »
Institut Catholique de Toulouse, 19 octobre 2017

 

Les implications personnelles des Papes Jean-Paul II et Benoît XVI
dans le dialogue avec les luthériens

 

En 2017, nous commémorons non seulement le début de la Réforme, il y a cinq cents ans, mais nous jetons aussi un regard rétrospectif sur cinquante ans de dialogue œcuménique entre luthériens et catholiques. Le dialogue avec la Fédération luthérienne mondiale a été le premier à être entamé par l’Église catholique immédiatement après le Concile Vatican II. Il s’est avéré très fructueux et a trouvé son point culminant dans la commémoration luthérienne-catholique commune de la Réforme qui s’est tenue à Lund, en Suède, le 31 octobre 2016. Le fait que, dans un colloque international sur la Réforme de Martin Luther et ses différentes réception et interprétation, l’on s’interroge également sur les implications personnelles du Pape Jean-Paul II et du Pape Benoît XVI dans le dialogue catholique-luthérien, est un beau signe de la valeur attribuée au grand engagement œcuménique de ces deux Papes. Afin de mieux illustrer leurs contributions à cet important dialogue, il me semble utile de décrire brièvement, en un premier temps, leur attitude œcuménique de fond, puis de l’aborder de façon plus concrète dans la perspective du dialogue avec les luthériens.

 

1.    La contribution de Jean-Paul II au dialogue avec les luthériens

« Il faut du moins que l’an deux mille nous trouve moins divisés, plus disposés à emprunter la voie de l’unité pour laquelle le Christ priait la veille de sa Passion. L’enjeu de cette unité est énorme. Il s’agit d’une certaine manière, de l’avenir du monde, de l’avenir du Royaume de Dieu dans le monde. Les faiblesses et les obstacles humains ne peuvent empêcher la réalisation du dessein de Dieu pour le monde et pour l’humanité. »[1] À travers ces paroles émouvantes et pleines de confiance écrites par le Pape Jean-Paul II dans son livre « Entrez dans l’espérance », paru en 1994 en vue de l’entrée dans le nouveau millénaire, s’expriment clairement son puissant espoir œcuménique et son engagement résolu en faveur de la recherche de l’unité des chrétiens.

a)   Un tournant exaltant vers l’unité

La confiance du Pape Jean-Paul II reposait sur la conviction qu’après le premier millénaire de l’histoire du christianisme, qui fut l’époque de l’Église indivise, et après le deuxième millénaire, qui conduisit à de profondes divisions en Orient comme en Occident, le troisième millénaire allait avoir pour grande tâche de restaurer l’unité perdue des chrétiens. Dans les divisions historiques, le Pape Jean-Paul II non seulement a vu la « rupture de l’unité des chrétiens » et le « fruit amère des péchés des chrétiens », mais il a également cherché à discerner le côté positif que ces divisions pouvaient dissimuler, et c’est la raison pour laquelle il posa cette question : « Les divisions ne vont-elles finalement pas permettre à l’Église de découvrir la multiplicité des richesses contenues dans l’Évangile et dans la Rédemption du Christ ? Peut-être ces richesses n’auraient-elles pas pu être découvertes autrement. »[2]

                Le fort engagement œcuménique du Pape Jean-Paul II manifeste également son opiniâtre fidélité au Concile Vatican II auquel il participa en personne[3], qu’il vécut lui-même comme un jalon dans le renouvellement de l’Église, et qu’après la conclusion du Concile il tenta d’appliquer dans le diocèse de Cracovie qui lui avait été autrefois confié en Pologne, comme il l’écrivit dans sa première « Étude pour la mise en œuvre du Concile Vatican II », en pensant plus particulièrement à la question œcuménique : « L’émergence d’une position œcuménique et son développement ordonné sont, selon les enseignements de Vatican II, l’un des principaux signes et en même temps l’une des preuves du renouvellement de l’Église ».[4] De même, au cours de son ministère pétrinien, Jean-Paul II fit toujours référence au Concile Vatican II,[5] qu’il reconnaissait comme un grand don pour l’Église et qui pour lui représentait aussi la « boussole fiable » capable de « nous orienter sur le chemin du siècle qui commence »[6]. Du point de vue œcuménique également, l’activité législative de Jean-Paul II fut particulièrement significative, avec la promulgation du nouveau Codex de droit canonique, le Codex Iuris Canonici, en 1983, et du code des Églises catholiques orientales, le Codex Canonum Ecclesiarum Orientalium, promulgué pour la première fois dans l’histoire en 1990.[7] Car Jean-Paul II vit dans le renouvellement des codes ecclésiastiques le « grand effort » fourni pour « traduire en langage canonique »[8] la doctrine du Concile Vatican II, et plus précisément l’ecclésiologie conciliaire. Les deux codes contiennent les engagements juridiques explicites de tous les catholiques pour participer au mouvement œcuménique.[9]

                Toujours en raison de cette position fondamentalement favorable à l’œcuménisme, Jean-Paul II fut aussi le premier pape à écrire une encyclique sur l’œcuménisme, « Ut unum sint », dans laquelle il décrivit le chemin œcuménique comme étant le chemin de l’Église, le considérant ancré dans le désir d’unité du Christ : « Croire au Christ signifie vouloir l’unité; vouloir l’unité signifie vouloir l’Église ; vouloir l’Église signifie vouloir la communion de grâce qui correspond au dessein du Père de toute éternité."[10] Dans cette conviction il souligna, sans aucune ambiguïté, que malgré les différents doutes tant des partisans de l’œcuménisme que de ses opposants, la décision de l’Église catholique en faveur de l’œcuménisme était irrévocable : « Au Concile Vatican II, l’Église catholique s’est engagée de manière irréversible à prendre la voie de la recherche œcuménique, se mettant ainsi à l’écoute de l’Esprit du Seigneur qui apprend à lire attentivement les ‘signes des temps’. »[11]

                Le défi posé par une nouvelle évangélisation dans le monde d’aujourd’hui apparut au Pape Jean-Paul II comme un signe des temps particulièrement pressant.[12] Il prit ainsi conscience que la mission de proclamer l’Évangile serait entravée tant que les chrétiens resteraient divisés et que les divisions entre chrétiens nuiraient à la crédibilité de l’Évangile. Car « la désunion est un scandale, un obstacle à la diffusion de l’Évangile. Nous avons le devoir de travailler, avec la grâce de Dieu, à surmonter cet obstacle le plus tôt possible. »[13] Puisque le mandat de l’évangélisation concerne dans la même mesure l’ensemble des chrétiens, cela signifie entre autres qu’ils doivent « aller les uns vers les autres, avancer ensemble, et que cela doit partir de l’intérieur » : « Évangélisation et unité, évangélisation et œcuménisme sont liés l’un à l’autre de manière indissoluble ».[14] C’est dans ce lien que réside la raison profonde pour laquelle, selon Jean-Paul II, l’unité de l’Église appartient « à son essence de façon inaliénable », elle n’est « pas une fin en soi »[15] et, par conséquent, la promotion de l’unité des chrétiens constitue une tâche pastorale essentielle. Précisément parce que la nouvelle évangélisation était une question qui lui tenait à cœur, il s’engagea comme évêque de Rome à surmonter la division de la chrétienté, convaincu par cette interrogation : « Comment annoncer l’Évangile de la réconciliation sans s’engager en même temps à travailler pour la réconciliation des chrétiens ? »[16]

                On comprendra donc que, dès le début, le Pape Jean-Paul II considéra son ministère pétrinien d’unité non seulement dans l’Église catholique mais aussi comme service de la plus vaste unité œcuménique de tous les chrétiens et que dans son pontificat la tâche œcuménique lui soit apparue comme l’une de ses priorités pastorales qu’il vécut avec passion et dont il témoigna par de nombreux gestes œcuméniques. Car il était profondément persuadé que le Ministère du successeur de Pierre est « le ministère de l’unité » et que « cette responsabilité s’exerce jusque dans la dimension œcuménique » : « La tâche du Pape est de chercher inlassablement les voies qui permettent d’affermir l’unité ».[17] Ayant opté pour cette position œcuménique fondamentale très ouverte, le Pape Jean-Paul II a consacré des pages essentielles au « ministère d’unité de l’Évêque de Rome » dans la partie finale de son Encyclique œcuménique « Ut unum sint » et, à cet égard, a invité toutes les Églises et Communautés ecclésiales à engager avec lui un dialogue patient sur la primauté de l’Évêque de Rome, dans le but de trouver une « forme d’exercice de la primauté » qui soit « sans renoncement aucun à l’essentiel de sa mission » mais qui soit « ouverte à une situation nouvelle », afin que, pour être plus précis, ce ministère puisse « réaliser un service d’amour reconnu par les uns et par les autres »[18].

b)   L’engagement pour la promotion du dialogue catholique-luthérien

Ce n’est qu’en ayant à l’esprit ce plus vaste contexte que les déclarations du Pape Jean-Paul II sur le dialogue catholique-luthérien peuvent être comprises et correctement situées. Pendant son long pontificat se sont continuellement présentées d’importantes occasions au cours desquelles il s’est explicitement exprimé en faveur du dialogue avec les luthériens. Une circonstance mémorable fut le 500e anniversaire du réformateur Martin Luther, le 10 novembre 1983. Dans son message au Cardinal Johannes Willebrands, Président de ce qui était alors le Secrétariat pour l’unité des chrétiens, le Pape Jean-Paul II se référa aux efforts scientifiques des chercheurs évangéliques et catholiques qui ont conduit « à dessiner un portrait plus complet et plus nuancé de la personnalité de Luther et de la trame complexe de la réalité historique, sociale, politique et ecclésiale de la première moitié du XVIe siècle »[19]. Le Pape souligna expressément la « profonde religiosité de Luther », « qu’agitait une brûlante passion pour la question du salut éternel ». Selon Jean-Paul II, les efforts scientifiques ont aussi montré que « la rupture de l’unité ecclésiale intervenue par la suite ne peut être simplement réduite au manque de compréhension de la part des autorités de l’Église catholique, ni au manque de compréhension du véritable catholicisme de la part de Luther » et que l’origine des décisions qui furent prises à cette époque était beaucoup plus profonde : « Dans la dispute sur la relation entre foi et tradition étaient en jeu des questions fondamentales sur la juste interprétation et sur la réception de la foi chrétienne, lesquelles portaient en elles un potentiel de division ecclésiale que seules les raisons historiques ne sauraient expliquer. »

                Par ailleurs, lors de la commémoration du 500e anniversaire de la naissance de Martin Luther, le Pape ne dissimula pas que pour l’Église catholique son nom avait été lié au cours des siècles à la « mémoire d’une époque douloureuse », mais que son anniversaire était une occasion propice « à une réflexion dans la vérité et l’amour chrétien sur les événements historiques de la Réforme ». Dans la recherche du rétablissement de l’unité, le Pape jugeait avant tout qu’un double effort était nécessaire par rapport à la figure de Martin Luther. D’une part, il était important de poursuivre un travail historique minutieux afin d’obtenir une « image plus juste du réformateur ainsi que de toute l’époque de la Réforme et des personnes qui y participèrent ». À ce sujet, il estime que lorsqu’il y a culpabilité, que ce soit d’un côté ou de l’autre, il convient de la reconnaître ; et là où le point de vue a été déformé par la polémique, il faut le rectifier, et ceci, également, de quelque côté que ce soit. D’autre part, la clarification historique doit aller de pair avec le dialogue de la foi à travers lequel nous cherchons aujourd’hui l’unité, et qui a son solide fondement dans ce qui, selon les confessions évangéliques-luthériennes, nous lie encore après la séparation, notamment « dans la Parole de l’Écriture, dans les Confessions de foi, dans les Conciles de l’Église des premiers siècles ».

                Lors de l’Avent de l’année 1983 au cours duquel fut commémoré le 500e anniversaire de la naissance de Luther, le Pape Jean-Paul II se rendit en visite auprès de la communauté évangélique-luthérienne de Rome et, en cette circonstance, déclara avec confiance « voir se lever dans le lointain une aurore, l’avènement du rétablissement de notre unité et de notre communion ». Puisque l’unité est un fruit du renouvellement quotidien, de la conversion et de la repentance, elle s’avère aussi « la meilleure façon de se préparer à l’avènement de Dieu dans notre monde »[20].

Une autre occasion de rappeler l’importance de Martin Luther se présenta au Pape Jean-Paul II en 1996, lors du 450e anniversaire de la mort du réformateur. De l’avis du Pape Jean-Paul II, après un si long temps, cette commémoration permettait de « mieux comprendre la personne et le travail du réformateur allemand et d’être plus respectueux envers lui »[21]. Le Pape rendit notamment hommage au dialogue luthérien-catholique dont l’importante contribution aide à « surmonter toutes les polémiques et à parvenir à un point de vue commun ». Le Pape souligna explicitement que l’appel de Luther à la réforme de l’Église était, dans son intention originelle, un « appel à la pénitence et au renouvellement qui, dans la vie de chaque personne, doivent commencer ». Pour lui, que ce début ait toutefois porté au schisme aurait eu pour cause les défaillances de l’Église catholique dont, en des paroles émouvantes, s’était déjà plaint le Pape Adrien VI, mais aussi la ferveur même de Luther « qui l’aurait entraîné bien au-delà de ses intentions initiales jusqu’à une critique radicale de l’Église catholique, de sa règle de vie et de sa doctrine ». Et dans son discours aux représentants de l’Église évangélique et à la Communauté de travail des Églises chrétiennes en Allemagne, le 22 juin 1996 à Paderborn, le Pape souligna non seulement l’œuvre extraordinaire accomplie par Luther pour le développement de la langue allemande et du patrimoine culturel allemand, mais aussi que commémorer la figure de Luther faisait émerger de plus en plus clairement « la grande importance de son exigence d’une théologie proche des Écritures et de sa volonté de renouvellement spirituel de l’Église ». En reconnaissant « l’attention accordée à la Parole de Dieu » par Luther, le Pape Jean-Paul II a également souligné que des « problèmes fondamentaux dans le rapport entre foi, Écriture, Tradition et Église tels que Luther les a vus », à ce jour n’ont pas encore été suffisamment éclaircis[22].

Un événement majeur au cours duquel Jean-Paul II exprima explicitement son point de vue sur le dialogue catholique-luthérien fut la célébration du 450e anniversaire de la « Confessio Augustana » en 1980 laquelle, pour l’essentiel, fut rédigée par le réformateur Philipp Melanchthon et présentée par les représentants de la Confession évangélique-luthérienne à l’Empereur Charles V et au Reichstag à Augsbourg, en 1530, pour témoigner de la foi de l’Église une, sainte, catholique et apostolique, pour prouver qu’ils étaient en accord avec la foi de l’Église catholique et sauvegarder l’unité de l’Église alors gravement mise en danger. Hélas, et en dépit de la bonne volonté et du combat opiniâtre mené par toutes les parties impliquées, la « Confessio Augustana » ne permit pas d’atteindre auprès du Reichstag d’Augsbourg le but que l’on s’était fixé. Ce fut, comme le souligna le Pape Jean-Paul II dans son discours à l’occasion du 450anniversaire de la « Confessio Augustana », « la dernière vigoureuse tentative de réconciliation » qui échoua, ce qui conduisit à la nette division que l’on sait.[23] Jean-Paul II était toutefois convaincu que si la « construction de ponts » fut à l’époque sans succès, « les principaux piliers de ces ponts » s’étaient conservés dans toute leur intégrité malgré les vicissitudes du temps. À ses yeux, ceci était clairement apparu avant tout dans l’intense et long dialogue qui s’était instauré entre l’Église catholique et les luthériens, grâce au Concile Vatican II, et avait permis de découvrir d’une manière toute nouvelle « l’importance et la solidité des fondements communs de notre foi chrétienne ». Lors de sa visite à Augsbourg en 1987, le Pape Jean-Paul II faisant de nouveau référence à cet événement mémorable dans l’histoire du christianisme occidental, posa cette question subtile : « Aux alentours de 1530, nombreux étaient encore ceux qui s’efforçaient d’œuvrer en faveur de la réconciliation et de la communion. Quel cours aurait suivi l’histoire, quelles opportunités missionnaires seraient apparues sur les nouveaux continents récemment découverts s’il avait été possible à l’époque de vaincre les divisions et de clarifier de manière compréhensible les sujets de dispute ! »[24]

                Un résultat particulièrement important et beau du dialogue luthérien-catholique a été la signature entre la Fédération luthérienne mondiale et – par mandat du Magistère - le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens de la « Déclaration commune sur la doctrine de la justification », à Augsbourg, le 31 octobre 1999.[25] Cette signature conjointe a revêtu une importance très particulière car l’interprétation contradictoire de l’annonce néotestamentaire de la justification de l’homme par la grâce de Dieu dans la foi en Christ a représenté, au XVIe siècle, le point central des débats théologiques. Qu’un vaste consensus sur des questions fondamentales ait pu être atteint en affrontant précisément le thème majeur qui conduisit à la Réforme et, en définitive, à la division de la chrétienté en Occident, mérite d’être reconnu comme un événement œcuménique particulier. Le jour de la signature, dans son discours pour l’Angélus, le Pape Jean-Paul II y vit en effet « une pierre milliaire sur la route difficile de la recomposition de la pleine unité » et considéra comme extrêmement significatif « qu’elle soit posée précisément dans la ville où, en 1530, avec la Confessio Augustana fut écrite une page décisive de la Réforme luthérienne ». Pour être plus exact, le Pape Jean-Paul II décrivit la « Déclaration commune sur la doctrine de la justification » comme une « étape sur la voie […] de l’unité et de la communion entre les chrétiens » et elle représentait pour lui « une base sûre pour la poursuite de la recherche théologique dans le domaine œcuménique et pour affronter les difficultés qui l’accompagnent ».[26]

                Ayant conscience de la tâche qui restait à accomplir, le Pape Jean-Paul II, lors de sa première visite en Allemagne en 1980, suscita la naissance et la mise en œuvre d’un autre projet œcuménique important. Celui-ci devait répondre au fait historique que les disputes théologiques portant principalement sur l’annonce néotestamentaire de la justification de l’homme par la grâce de Dieu se sont répercutées aussi bien dans les écrits confessionnels luthériens que, lors du Concile de Trente, dans les condamnations doctrinales de ce dernier qui, jusqu’à nos jours, ont conservé une force indérogeable et sont donc également demeurées source de division ecclésiale. C’est dans ce contexte que fut lancée en 1980 l’étude intitulée « Les anathèmes du XVIe siècle sont-ils encore actuels ? » qui devait traiter, dans le cadre du dialogue œcuménique, des condamnations doctrinales de l’Église catholique et des écrits confessionnels évangéliques au XVIe siècle d’un point de vue historique et systématique, et qui en définitive porta à conclure qu’un consensus œcuménique sur les vérités fondamentales de la foi chrétienne pouvait être formulé, que les différences théologiques restantes ne mettaient plus en cause le consensus atteint et que, par conséquent, les condamnations doctrinales pertinentes prononcées au XVIe siècle du côté protestant comme du côté catholique, ne concernaient plus les partenaires œcuméniques actuels.[27] Lors d’une nouvelle visite pastorale en Allemagne en 1996, le Pape Jean-Paul II évoqua ce document, en reconnaissant l’excellent résultat obtenu qui a permis que les nombreuses controverses du XVIe siècle apparaissent sous une lumière nouvelle, résultat qu’en conclusion il résuma en ces termes : « Des fossés, que les générations précédentes considéraient comme infranchissables, ont été comblés ».[28] En particulier, Jean-Paul II a reconnu que cette étude a contribué à une « plus profonde compréhension des déclarations doctrinales du Concile de Trente » et permis que soient élaborés « une multitude d’accords et de convergences sur des questions essentielles de la foi ». Cela était particulièrement vrai en ce qui concerne la doctrine de la justification, dans laquelle un accord fondamental avait été atteint sur des questions de grande importance. Malgré cela, toutes les différences n’étaient pas éliminées et, au contraire, le « lien théologique entre la perception luthérienne de la justification et la doctrine catholique sur le baptême et l’Église » nécessitait d’être approfondi lors de conversations œcuméniques ultérieures.

                Jean-Paul II soulignait expressément que tout accord œcuménique acquis devait reposer sur une « approche renouvelée du témoignage biblique ». En ce sens, Jean-Paul II, lors d’une rencontre avec le Conseil de l’Église évangélique en Allemagne, rappela les conférences que Luther teint en 1516 et 1517 sur la Lettre aux Romains, dans lesquelles il enseignait que « la foi chrétienne, par laquelle nous sommes justifiés, ne consiste pas à simplement croire au Christ, ou plus exactement à la personne du Christ, mais à croire à ce qui est du Christ ». Pour Jean-Paul II, l’important était bien aussi de discerner « ce qui est du Christ », et il concluait que « ce qui est du Christ », selon la conviction catholique, « concerne l’Église du Christ, sa mission, son message et ses sacrements, de même que les ministères qui sont au service de la Parole et du sacrement »[29]. Pour Jean-Paul II, ces problèmes non résolus, qui divisent encore catholiques et luthériens, doivent être pris en considération ensemble, naturellement non pas « pour creuser encore davantage les fossés mais pour les combler ». C’est pourquoi Jean-Paul II s’opposait-il catégoriquement à Martin Luther sur un point : « Nous ne pouvons en rester à la constatation que ‘nous sommes et resterons à jamais divisés et antagonistes’ ».

2.   Benoît XVI et le dialogue catholique-luthérien

Lorsque l’on réfléchit à l’engagement œcuménique du Pape Jean-Paul II, vient spontanément à l’esprit l’affirmation du Pape Benoît XVI sur son prédécesseur qui, ce sont ses paroles, « dès le début » a ressenti la division de la chrétienté « comme une blessure qui l’affectait très personnellement » et considérait comme un devoir pour lui de « tout faire pour prendre le tournant conduisant vers l’unité »[30]. Cet effort, le Pape Benoît XVI l’a poursuivi à sa manière. Le souci œcuménique a été une perspective constante de sa pensée théologique en tant que professeur, évêque et pape. Il s’est beaucoup dépensé pour que le dialogue œcuménique progresse et l’a enrichi de nombreuses réflexions théologiques dans lesquelles, en raison de son origine allemande, le dialogue luthérien-catholique a toujours été présent.[31]

a)   Au service de l’unité dans la foi

« L’unité de l’Église, en un mot, ne peut jamais être autre qu’une unité dans la foi des Apôtres, dans la foi confiée à chaque nouveau membre du Corps du Christ durant le rite du Baptême. C’est cette foi qui nous unit dans le Seigneur, qui nous rend participants de son Esprit Saint, et qui ainsi, aujourd’hui encore, nous rend participants de la vie de la Sainte Trinité, modèle de la koinonia de l’Église ici-bas. »[32] Ces paroles que le Pape Benoît XVI a prononcées en conclusion de la prière du soir à l’abbaye de Westminster, à l’occasion de son voyage apostolique en Grande-Bretagne en septembre 2010, peuvent être considérées comme un condensé de son effort œcuménique dont nous ferons une brève esquisse dans la poursuite de cette présentation.

                En choisissant pour thème de sa thèse d’agrégation la compréhension de Saint Bonaventure de la révélation divine et de l’histoire, Joseph Ratzinger s’était déjà placé dans une perspective œcuménique en proposant un examen approfondi de la recherche d’une compréhension théologiquement adéquate de la révélation de Dieu et des questions théologiques se référant à ce thème, d’une part, entre nature et grâce et, d’autre part, entre la métaphysique et l’histoire du salut dans le contexte du dialogue évangélique-catholique. On peut estimer que sa contribution œcuménique réside avant tout dans le fait qu’il a fortement souligné le caractère d’action de la révélation divine et a développé une vision du lien entre Écriture et Tradition qui s’est avérée œcuménique.[33]

                En tant que professeur, Joseph Ratzinger fut parmi les théologiens catholiques l’un des premiers à disserter dans ses cours universitaires sur les écrits réformateurs et à aborder une multitude de thèmes œcuméniques, tels que certains problèmes fondamentaux de la Confessio Augustana, du Tractatus de Potestate Papae de Melanchthon ou la Disputatio de Leipzig[34], de telle manière que le théologien catholique Josef Wohlmuth raconta qu’il eut l’impression que Joseph Ratzinger « non seulement s’intéressait aux questions de la Réforme » mais qu’il y avait « également puisé dans une perspective théologique ».[35] Dans le cadre du vif débat qui eut lieu dans les années soixante-dix et quatre-vingt sur une éventuelle reconnaissance par l’Église catholique de la Confessio Augustana, à savoir l’écrit confessionnel qui est le socle fondamental sur lequel repose le luthéranisme, Joseph Ratzinger avait clairement exigé qu’une reconnaissance catholique de la Confession d’Augsbourg soit subordonnée à sa reconnaissance évangélique, et plus précisément à la reconnaissance du fait que l’Église peut enseigner en tant qu’Église : « La ‘reconnaissance’ évangélique serait dans tous les cas le premier prérequis interne d’une reconnaissance catholique et, en même temps, un processus spirituel qui créerait une réalité œcuménique. »[36] Rappelons que durant son activité en tant que professeur universitaire, Joseph Ratzinger a été membre de divers groupes de travail œcuméniques et d’organes de consultation et a participé à différents colloques et réunions œcuméniques.

                De l’époque où il fut archevêque et cardinal, il convient avant tout de mentionner l’importante responsabilité qu’il a exercée dans la Commission œcuménique mixte, créée après la visite du Pape Jean-Paul II en Allemagne en 1980, commission qu’il présida avec l’Évêque régional évangélique Eduard Lohse. C’est à eux deux que l’on doit la proposition riche de promesses et qui, dans les années suivantes, se révéla fructueuse, de rechercher dans le cadre des futurs dialogues œcuméniques si les condamnations doctrinales mutuelles du XVIe siècle concernaient encore les partenaires actuels et si elles devaient encore être considérées source de division entre les Églises. L’Évêque régional évangélique Johannes Hanselmann a également rappelé avec gratitude que si la Déclaration commune sur la doctrine de la justification a bien pu être signée à Augsbourg en 1999, après différentes difficultés, c’est au Cardinal Ratzinger qu’en revient le grand mérite.[37]

                L’engagement œcuménique de Joseph Ratzinger a toujours été accompagné d’une intense réflexion théologique sur les questions œcuméniques ; en témoigne de manière éloquente l’imposant chapitre œcuménique du huitième volume de ses « Œuvres complètes » consacré à la doctrine de l’Église[38]. Les trois cents pages et plus qui y sont dédiées aux questions œcuméniques montrent que Joseph Ratzinger n’appartient pas aux œcuménistes dans un sens strictement professionnel, mais qu’en tant que spécialiste de la théologie systématique il s’est beaucoup penché sur la dimension œcuménique de la pensée théologique et compte, à juste titre et sans l’ombre d’un doute, parmi « les théologiens catholiques œcuménistes actuels les plus convaincants »[39].

                Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que Joseph Ratzinger, en tant que Pape, ait également accordé à la cause œcuménique une priorité particulière dans son pontificat, comme il l’avait déjà annoncé de façon programmatique dans son premier message après son élection au Siège de Pierre, en affirmant que le devoir prioritaire du successeur de Pierre doit consister, à ses yeux, à « travailler sans épargner ses forces à la reconstruction de l’unité pleine et visible de tous les fidèles du Christ » : « Telle est son ambition, tel son devoir pressant. »[40] Si nous regardons les huit années ou presque du ministère pétrinien du Pape Benoît XVI, nous pouvons constater avec gratitude que le souci œcuménique a, pour ainsi dire, été comme un fil rouge présent tout au long de son pontificat et qu’il n’a eu de cesse de le répéter clairement en diverses occasions.[41]

b)   Unité et différence entre Église catholique et luthéranisme

Dans la vaste réflexion qu’il a consacrée à la compréhension œcuménique de Joseph Ratzinger, le théologien protestant Thorsten Maasen a rendu hommage à sa pensée œcuménique, estimant qu’il est « exemplaire dans ses efforts pour pratiquer sans compromis une théologie œcuménique honnête » et qu’« il s’est penché avec tant d’insistance sur la nécessité de l’œcuménisme que ce dernier devrait absolument trouver sa place au sein de l’Église »[42]. Ce jugement nuancé vaut également dans le cadre de l’engagement de Joseph Ratzinger - Benoît XVI en faveur du dialogue luthérien-catholique.

                La déclaration la plus positive du Pape Benoît XVI, quant aux intentions du réformateur Martin Luther, fut indubitablement celle qu’il fit à l’occasion de sa visite à l’ancien monastère augustinien d’Erfurt en 2011, lorsqu’il rendit hommage à la recherche passionnée de Dieu qui anima la vie et l’œuvre de Luther : « Ce qui l’a animé, c’était la question de Dieu, qui fut la passion profonde et le ressort de sa vie et de son itinéraire tout entier. ‘Comment puis-je avoir un Dieu miséricordieux ?’ Cette question lui pénétrait le cœur et se trouvait derrière chacune de ses recherches théologiques et chaque lutte intérieure. »[43] Le Pape Benoît XVI a en même temps souligné que Luther ne croyait pas à n’importe quel Dieu, mais qu’il cherchait ce Dieu qui avait montré son visage très concret à travers l’homme Jésus de Nazareth et qui nous avait parlé, à nous les êtres humains. Martin Luther a donc concrétisé et approfondi sa recherche passionnée de Dieu dans le christocentrisme de sa spiritualité et de sa théologie : « La pensée de Luther, sa spiritualité tout entière était complétement christocentrique : ‘Ce qui promeut la cause du Christ’ était pour Luther le critère herméneutique décisif dans l’interprétation de la Sainte Écriture. »[44]

                La centralité de la question de Dieu et le christocentrisme sont aux yeux du Pape Benoît XVI les soucis fondamentaux de Martin Luther et constituent le grand héritage qu’ils nous a laissé et qui aujourd’hui doit être perçu dans un esprit œcuménique. Voici pourquoi c’est avant tout dans l’annonce de Dieu dans nos sociétés largement sécularisées que Benoît XVI a reconnu dans la succession de Luther le service œcuménique, également à notre époque : « Témoigner de ce Dieu vivant est notre tâche commune à l’époque actuelle. »[45]

                Dans ce grand éloge, on remarque en premier lieu une proximité intérieure entre le Pape Benoît XVI et Martin Luther. Le Pape Benoît XVI, qui est intimement attaché à l’idée d’une théologie reposant sur une rencontre personnelle avec Dieu, apprécie dans la théologie de Luther le fait qu’elle ne soit pas une théologie de bureaucrate cédant aux idées, mais une théologie existentielle émanant d’une lutte personnelle : pour Luther, la théologie « n’était pas une question académique, mais une lutte intérieure avec lui-même, puis une lutte au sujet de Dieu et avec Dieu »[46]. Le fait que la théologie de Luther ait été modelée de manière très élémentaire par son expérience personnelle, est de l’avis de Benoît XVI d’une grande importance mais cependant aussi sa limite.[47]

                La limite problématique dans la théologie de Luther réside, selon Benoît XVI, dans l’absolutisation de son approche personnelle, et c’est la raison pour laquelle il parle d’une « personnalisation radicale de l’acte de foi » chez Luther qu’il trouve « dans un face-à-face passionnant et, d’un certain point de vue, exclusif entre Dieu et l’homme ». Ce personnalisme va si loin que l’homme doit toujours accourir de nouveau au « Dieu qui pardonne, contre un Dieu ou un Christ qui apparaît, exige et juge ‘sub contrario’, comme ‘diable’ »[48]. Selon Benoît XVI, derrière cette dialectique dans la compréhension théologique de Dieu se cache chez le Réformateur une dialectique dans l’existence humaine que le Pape perçoit également dans l’expérience personnelle de Martin Luther. Car sa biographie est caractérisée par la crainte de Dieu qui l’a frappé jusqu’au fondement de son existence, dans la tension qu’il ressentait entre exigence divine et sens du péché, Dieu lui apparaissant aussi et carrément comme « sub contrario », plus exactement comme le diable qui veut détruire l’homme. Pour pouvoir échapper au lourd fardeau de l’expérience du péché, Luther devait nécessairement trouver la certitude du salut, à savoir que malgré tout Dieu le sauvait et l’acceptait, et que cette acceptation était inébranlable. Cette certitude, qui pour lui fut la véritable expérience de la rédemption, il l’a constamment cherchée et trouvée dans la certitude du principe « par la foi seule » : « À l’expérience accablante de son moi empirique, il a sans cesse opposé comme contrepoids le principe ‘par la foi seule’ et y a ainsi trouvé toute l’essence du christianisme, qu’à partir de cette position il a réorganisé et repensé dans son ensemble ».[49]

                Cette personnalisation radicale de l’acte de foi chez Luther a des conséquences qui, selon le Pape Benoît XVI, débouchent sur une tension constante vis-à-vis de la compréhension catholique de la foi. Puisque, selon Luther, la foi offre avant tout l’assurance de son propre salut, la certitude de la foi et la certitude de l’espérance s’identifient l’une avec l’autre. Tandis que du point de vue catholique, la certitude de la foi se réfère à ce que Dieu a fait et à ce qu’atteste l’Église, et la certitude de l’espérance se réfère au salut des personnes individuelles, chez Luther c’est cette dernière certitude qui est déterminante, de telle sorte que la charité n’est plus considérée comme forme intérieure de la foi mais est séparée du concept de foi : « La formule ‘sola fides’, sur laquelle Luther a tant insisté, signifie justement cette exclusion de la charité du problème du salut. La charité appartient au domaine des ‘œuvres’ et devient, en conséquence, profane ».[50] À ceci se trouve étroitement liée une autre conséquence, à savoir que, pour Luther, la foi, de par sa nature, ne peut plus se concilier avec la foi de l’Église tout entière et que l’Église ne peut se porter garante de la certitude du salut personnel de chaque individu ». Au contraire, du point de vue catholique, l’Église est contenue dans l’approche intérieure de la foi car, dans cette perspective, l’action salvifique de Dieu ne se réfère « pas de manière aussi exclusive à l’individu et à sa conscience », mais l’on admet que Dieu, « précisément, agit aussi à travers le Corps du Christ »[51].

                Pour Benoît XVI, cette nouvelle vision globale de la foi chrétienne chez Luther se trouve condensée de la plus explicite manière qui puisse être dans la dialectique de la loi et de l’Évangile qu’il perçoit également comme le fondement de la doctrine de la justification chez Luther. Il est donc clair que pour Benoît XVI, même après la signature, en 1999, par la Fédération luthérienne mondiale et le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens de la « Déclaration commune sur la doctrine de la justification » qui, selon lui, constitue « une pierre milliaire importante sur notre chemin commun vers l’unité pleine et visible », certaines questions demeurent ouvertes. Afin de pouvoir continuer à bâtir sur cet important résultat, il faut donc accepter, comme l’a souligné le Pape Benoît XVI dans une allocution adressée au Président de la Fédération luthérienne mondiale en 2005, « que des différences demeurent en ce qui concerne la question centrale de la justification » et que « celles-ci doivent être affrontées, ainsi que les façons dont la grâce de Dieu est transmise dans l’Église et à travers celle-ci »[52].

                On évoque donc ici une différence fondamentale dans la compréhension de l’Église, thème qui a déjà été traité, en 2000, dans la Déclaration de la Congrégation pour la doctrine de la foi « sur l’unicité et l’universalité salvifique de Jésus Christ et de l’Église », intitulée « Dominus Iesus »[53], laquelle affirme que pour l’Église catholique la validité de l’épiscopat et la pleine validité de l’Eucharistie sont constitutifs. En ce sens, les Églises orthodoxes peuvent donc être considérées des Églises sœurs, alors que les Églises et les Communautés ecclésiales issues de la Réforme ne peuvent être considérées comme des « Églises au sens propre ». Afin de surmonter les malentendus que cette déclaration a suscités, principalement en raison de la délicate formule « ne sont pas des Églises au sens propre », le Pape Benoît XVI a par la suite choisi une autre terminologie selon laquelle, avec la Réforme, est apparu un « nouveau type » d’Église, pour ainsi dire « une nouvelle manière de comprendre l’Église ». Car les Églises et les Communautés ecclésiales issues de la Réforme sont « Église, mais d’une autre manière. Et justement pas de la même manière que les Églises de la grande tradition de l’Antiquité, mais en se fondant sur une nouvelle conception d’après laquelle l’Église ne réside pas dans l’institution, mais dans la dynamique de la Parole qui rassemble les hommes et en fait une communauté »[54].

                Par bienveillance vis-à-vis de cette vision évangélique, le Pape Benoît XVI a voulu poursuivre le dialogue œcuménique avec les luthériens non seulement en le plaçant « dans un contexte de questions ‘institutionnelles’ », mais il a aussi et surtout voulu approfondir la « source authentique de tout le ministère dans l’Église ».[55] Comme il l’a souligné dans son discours lors de la rencontre œcuménique qui s’est tenue à Cologne en 2006, les questions ecclésiologiques et surtout la question du ministère sont en effet d’importants problèmes œcuméniques, mais elles proposent une « délimitation du problème » qu’il n’apprécie pas « puisqu’il semble que nous devrions à présent débattre des institutions plutôt que de la Parole de Dieu ». Cependant, la question œcuménique véritable, surtout dans le dialogue avec les Églises issues de la Réforme, n’est pas pour le Pape Benoît XVI le problème du ministère ecclésial, mais « la forme que prend la présence de la Parole dans le monde», plus précisément la question ecclésiologique que représente « cet entrelacs entre Parole, témoin et règle de foi » et par conséquent la « question de la Parole de Dieu, de sa souveraineté et de son humilité » « puisque le Seigneur confie sa Parole aux témoins et concède l’interprétation qui doit toutefois être toujours mesurée à la ’regula fidei’ et au sérieux de la Parole »[56].

Dans cette interprétation martyrologique du problème central de l’œcuménisme, à savoir que la Parole de Dieu n’est présente que dans le témoin apostolique comme Parole vivante de Dieu, et que le témoin, pour sa part, n’est témoin que lorsqu’il témoigne de la Parole de Dieu, n’apparaît pas uniquement la preuve que le Pape Benoît XVI s’intéresse principalement à ce qui, dans l’effort œcuménique, est unifiant. On comprend également la raison pour laquelle chez le Pape Benoît XVI, on trouve une double lecture de la vie et de l’œuvre de Martin Luther : d’une part, il souligne que, « par ses catéchismes, ses chants, ses livres liturgiques », Luther a établi « une tradition de vie ecclésiale » « à partir de laquelle on peut le lire comme le ‘père’ de cette vie ecclésiale » et « l’interpréter au sens d’une ecclésialité évangélique ». D’autre part, Benoît XVI souligne que Luther a aussi créé « une œuvre théologique et polémique d’une radicalité révolutionnaire qu’il n’a pas reniée lors de sa liaison politique avec les princes et de son tournant contre la gauche réformatrice », si bien que l’on peut comprendre également Luther à travers son « évasion violente de la Tradition ». Le Pape Benoît XVI ne voit cependant pas de contradiction entre ces deux aspects de Luther ; au contraire, il désire recommander une lecture de Luther « qui garde en vue le fond révolutionnaire dans les écrits ecclésiaux et le Luther pieux dans ses œuvres polémiques »[57].

                Partant de cette vision nuancée, le Pape Benoît XVI, compte tenu des divisions historiques de l’Église, n’a eu de cesse de rappeler la nécessaire « purification de la mémoire » et a vu dans le « repentir intérieur » la condition préalable indispensable au progrès sur le chemin œcuménique. Cependant, comme il l’a fait lors de sa visite à la Communauté évangélique luthérienne à Rome en mars 2010, il a souligné à maintes reprises que nous avons des raisons d’être reconnaissants et heureux de ce que nous pouvons faire de façon œcuménique aujourd’hui. C’est dans cette confiance que le Pape Benoît XVI remarquait déjà en 2011 qu’en 2017, en prévision de la commémoration du 500e anniversaire du début de la Réforme, luthériens et catholiques auraient l’opportunité de « célébrer dans le monde entier une commémoration œcuménique commune, de lutter au niveau mondial pour les questions fondamentales, non pas sous forme d’une célébration triomphaliste, mais comme une profession commune de notre foi dans le Dieu Un et Trine, dans l’obéissance commune à notre Seigneur et à sa parole ».[58]

3.   Perspectives : engranger les fruits du dialogue

Toutefois, seul le Pape François a pu prendre part à cette commémoration luthérienne-catholique commune de la Réforme, lorsque le 31 octobre 2016, dans la cathédrale luthérienne de Lund en Suède, avec le président et le secrétaire général de la Fédération luthérienne mondiale il en a présidé la célébration œcuménique et affirmé dans la Déclaration commune qui fut signée en cette circonstance : « Alors que nous sommes profondément reconnaissants pour les dons spirituels et théologiques reçus à travers la Réforme, nous confessons aussi devant le Christ que luthériens et catholiques ont blessé l’unité visible de l’Église et nous le déplorons »[59].

                Ces paroles expriment ce qu’aujourd’hui il est possible de dire ensemble dans une perspective œcuménique sur la Réforme du XVIe siècle. Au premier plan, il y a la gratitude pour tout ce que la Réforme a suscité comme perspectives religieuses et théologiques positives et pour ce dont luthériens et catholiques témoignent ensemble aujourd’hui. D’autre part, il y a la confession de notre faute et la repentance parce que la Réforme n’a pas conduit, à l’époque, au renouvellement de l’Église mais à sa division. À cet égard, il se peut que l’on choisisse de mettre l’accent sur tel ou tel aspect : pour les chrétiens luthériens, la Réforme sera avant tout perçue comme la redécouverte de l’Évangile de la justification de l’homme par la grâce de Dieu seule et son acceptation dans la foi. Les chrétiens catholiques, quant à eux, ont l’habitude d’associer la Réforme également et d’abord à la division de l’Église et à l’unité perdue. Mais même si l’on insiste sur tel ou tel aspect, ces deux positions sont aujourd’hui, ensemble et de manière indissoluble, partie intégrante d’une commémoration commune. C’est également ce qu’exprime de manière significative le titre donné au document établi par la Commission luthéro-catholique romaine sur l’unité dans la perspective d’une commémoration conjointe de la Réforme en 2017 : « Du conflit à la communion »[60]. Une commémoration commune de la réforme doit prendre en compte aussi sérieusement le conflit que la communion et, plus que tout, faire en sorte que luthériens et catholiques avancent sur le chemin menant du conflit à la communion.

                Alors que l’année de commémoration de la Réforme touche à sa fin, nous pouvons constater d’ores et déjà que cette commémoration de la Réforme a été la première dans l’histoire à ne pas avoir suscité, de part et d’autre, de polémiques confessionnelles. On peut y voir les fruits de l’intense dialogue œcuménique qui, tout au long des dernières cinquante années, a été promu entre luthériens et catholiques et a reçu le soutien des Pape Jean-Paul II, Benoît XVI et François. Cela mérite que nous poursuivions à l’avenir notre travail en nous basant sur ce résultat positif, tout d’abord dans la perspective de l’année 2030, lorsque nous commémorerons le 500e anniversaire de la Confessio Augustana que Philipp Melanchthon avait rédigée pour la Diète d’Augsbourg afin de témoigner que les évangéliques étaient en accord avec la foi de l’Église. La Confession d’Augsbourg n’est donc pas un document fauteur de division, mais un texte montrant une volonté déterminée de réconciliation et de préservation de l’unité, ainsi que le précisait la Commission de dialogue catholique romaine - évangélique-luthérienne dans sa prise de position sur la Confession d’Augsbourg à l’occasion du 450e anniversaire de sa publication en 1980 : « C’est l’intention déclarée de la Confession d’Augsbourg de témoigner de la foi de l’Église une, sainte, catholique et apostolique. Il ne s’agit pas de doctrines spéciales, ni même de la fondation d’une nouvelle église (CA 7, 1), mais de la préservation et du renouvellement de la foi chrétienne - en accord avec l’Église primitive et ‘également avec l’Église romaine’, conformément à ce dont témoignent les Saintes Écritures. »[61]

                Le but envisagé n’a pu être atteint à la Diète d’Augsbourg avec la Confessio Augustana. Ce fut la dernière tentative de sauver l’unité menacée, mais à l’époque, cette tentative échoua. Toutefois, puisque les luthériens et les catholiques n’ont presque jamais été aussi proches dans l’histoire qu’en ce temps-là, il convient aujourd’hui encore de ne pas surestimer la Confession d’Augsbourg dans sa signification œcuménique[62]. Par conséquent, ceci est un clair encouragement à commémorer en 2030 le cinq-centième anniversaire du Reichstag d’Augsbourg et de la proclamation de la Confessio Augustana dans une communion œcuménique au moins aussi intense que celle que nous avons vécue en 2017, lors de la commémoration de la Réforme, et à y voir une heureuse opportunité de prendre d’autres mesures indérogeables susceptibles de nous faire progresser vers l’unité. Ainsi, les implications personnelles des papes dans le dialogue avec les luthériens pourront-elles porter à des résultats encore plus positifs.

 

 

 

 

 

[1].  Jean−Paul II, Entrez dans l’espérance, Paris 1994, p. 226.

 

 

[2].  Ibid., p. 229.

 

 

[3].  Cf. R. Skrzypczak, Karol Wojtyla al Concilio Vaticano II. La Storia e i Documenti, Verona 2011.

 

 

[4].  K. Wojtyla, Quellen der Erneuerung. Studie zur Verwirklichung des Zweiten Vatikanischen Konzils, Freiburg i. Br. 1981, p. 284.

 

 

[5].  Cf. Z. J. Kijas et A. Dobrzynski (éd.), Cristo – Chiesa – Uomo. Il Vaticano II nel Pontificato di Giovanni Paolo II, Città del Vaticano 2010. Cf. en outre G. Marengo, Giovanni Paolo II e il Concilio. Una sfida e un compito, Siena 2011.

 

 

[6].  Jean-Paul II, Novo millennio ineunte, p. 57.

 

 

[7].  Cf. K. Koch, « L’attività legislativa di Giovanni Paolo II e la promozione dell’unità dei cristiani », in L. Gerosa (éd.), Giovanni Paulo II: Legislatore della Chiesa. Fondamenti, Innovazioni e Aperture. Atti del Convegno di Studio, Città del Vaticano 2013, p. 160-177.

 

 

[8].  Johannes Paul II., « Sacrae disciplinae leges », in Codex Iuris Canoni. Codex des kanonischen Rechts. Lateinisch-deutsche Ausgabe, Kevelaer  1983, p. VIII-XXVII, cit. p. XIX. Traduction ad hoc.

 

 

[9].  Cf. K. Koch, « Il Vescovo e l’ecumenismo », in: Congregazione per i Vescovi (éd.), Duc in altum. Pellegrinaggio alla tomba di San Pietro. Incontro di riflessioni, Città del Vaticano 2013, p. 249-261.

 

 

[10].  Jean-Paul II, Ut unum sint, p. 9.

 

 

[11].  Ibid., p. 3.

 

 

[12].  Cf. K. Koch, « Neuevangelisierung mit ökumenischem Notenschlüssel », in: Z. Glaeser (éd.), Czlowiek Dialogu, Opole 2012 (Opolska Biblioteka Teologiczna 125), p. 291-310.

 

 

[13].  Jean-Paul II, Discours aux délégués des Commissions œcuméniques nationales, le 23 novembre 1979.

 

 

[14].  Johannes Paul II., Ansprache in der Ökumenischen Wortfeier im Dom zu Paderborn am 22. Juni 1996.

 

 

[15].  Johannes Paul, Ansprache an die Vertreter anderer christlicher Konfessionen in Mainz am 17. November 1980.

 

 

[16].  Jean-Paul II, Ut unm sint, p. 98.

 

 

[17].  Jean-Paul II, Entrez dans l’espérance, Paris 1994, p. 231.

 

 

[18].  Jean-Paul II, Ut unum sint 95. Cf. W. Kasper (éd.), Il ministero petrino. Cattolici e ortodossi in dialogo, Roma 2004.

 

 

[19].  Johannes Paul II., Message au Card. Johannes Willebrands, Président du Secrétariat pour l’unité des chrétiens, le 31 octobre 1983.

 

 

[20].  Johannes Paul II., Ansprache während des Ökumenischen Treffens mit der Evangelisch-Lutherischen Gemeinde Roms am 11. Dezember 1983. Cf. à ce propos J. Krüger et J.-M. Kruse (éd.), Ökumene in Rom. Erfahrungen, Begegnungen und Perspektiven der Evangelisch-Lutherischen Kirchengemeinde Rom, Karlsruhe 2010, en part. p. 112-135.

 

 

[21].  Johannes Paul II., Ansprache in der Ökumenischen Wortfeier im Dom zu Paderborn am 22. Juni 1996.

 

 

[22].  Johannes Paul II., Ansprache an die Vertreter der Evangelischen Kirche und der Arbeitsgemeinschaft christlicher Kirchen in Deutschland in Paderborn am 22. Juni 1996.

 

 

[23].  Johannes Paul II., Ansprache aus Anlass des 450. Jahrestages der „Confessio Augustana“ am 25. Juni 1980.

 

 

[24].  Johannes Paul II., Predigt in der Ökumenischen Wortfeier in der Katholischen Kirche St. Ulrich und Afra in Augsburg am 4. Mai 1987.

 

 

[25].  « Fédération luthérienne mondiale et Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, Déclaration commune sur la doctrine de la justification », dans Service d’information, 98 (1998/III), p. 85-95.

 

 

[26].  Johannes Paul II., Angelus am 31. Oktober 1999.

 

 

[27].  Cf. K. Lehmann, W. Pannenberg, P. Jundt, J. Hoffmann et H. Meyer, Les anathèmes du XVIe siècle sont-ils encore actuels ? Les condamnations doctrinales du Concile de Trente et des Réformateurs justifient-elles encore la division de nos Églises ?, Paris 1989.

 

 

[28].  Johannes Paul II., Ansprache an die Vertreter der Evangelischen Kirche und der Arbeitsgemeinschaft christlicher Kirchen in Deutschland in Paderborn am 22. Juni 1996.

 

 

[29].  Johannes Paul II., Ansprache an den Rat der Evangelischen Kirche in Mainz am 17. November 1980.

 

 

[30].  J. Ratzinger / Benedikt XVI., « Die Einheit von Mission und Person in der Gestalt von Johannes Paul II. Zwanzig Jahre einer Geschichte », in Id., Johannes Paul II. Mein geliebter Vorgänger, Augsburg 2008, p. 15-42, cit. p. 40.

 

 

[31].  Cf. T. Lindfeld, « Der Papst aus Deutschland. Zum ökumenischen Profil Joseph Ratzingers », in Catholica, 62 (2008), p. 302-314.

 

 

[32].  Benoît XVI, Discours du Saint-Père au terme de la prière du soir à l’Abbaye de Westminster, à Londres, le 17 septembre 2010.

 

 

[33].  J. Ratzinger, Die Geschichtstheologie des heiligen Bonaventura, München 1955. La thèse de doctorat d’État de Joseph Ratzinger publié intégralement pour la première fois est à présent disponible : Offenbarungsverständnis und Geschichtstheologie Bonaventuras, Freiburg i. Br. 2009, (Gesammelte Schriften 2), p. 53-659.

 

 

[34].  Cf. J. Ratzinger / Papst Benedikt XVI., Das Werk. Veröffentlichungen bis zur Papstwahl. Hrsg. vom Schülerkreis, Augsburg 2009, en part. p. 401-406 : « Übersicht über die Lehrveranstaltungen in Freising, Bonn, Münster, Tübingen und Regensburg ». Cf. en outre G. Valente, Ratzinger Professore. Gli anni dello studio e dell’insegnamento nel ricordo dei colleghi e degli allievi (1946-1977), Milano 2008.

 

 

[35].  J. Wohlmuth, « Anwalt der Einheit. Der Theologe Joseph Ratzinger und die Ökumene », in Der christliche Osten, LX (2005), p. 265-277, cit. p. 265.

 

 

[36].  J. Kardinal Ratzinger, « Klarstellungen zur Frage einer „Anerkennung“ der Confessio Augustana durch die katholische Kirche », in Id., Theologische Prinzipienlehre. Bausteine zur Fundamentaltheologie, München 1982, p. 230-240, cit. p. 235.

 

 

[37].  La contribution importante à la réussite du Déclaration commune de Joseph Ratzinger a été apprécie en détail de P. Neuner, « Joseph Ratzingers Beitrag zur Gemeinsamen Erklärung zur Rechtfertigungslehre », in Münchener Theologische Zeitschrift, 56 (2005), p. 435-448.

 

 

[38].  J. Ratzinger, Kirche – Zeichen unter den Völkern, Freiburg i. Br. 2010 (Gesammelte Schriften 8/2), en part. p. 693-1018 : « Teil E : Die Wiedergewinnung der sichtbaren Einheit der Kirche ».

 

 

[39].  W. Thönissen, « Katholizität als Strukturform des Glaubens. Joseph Ratzingers Vorschläge für die Wiedergewinnung der sichtbaren Einheit der Kirche », in Ch. Schaller (éd.), Kirche – Sakrament und Gemeinschaft. Zu Ekklesiologie und Ökumene bei Joseph Ratzinger, Regensburg 2011 (Ratzinger-Studien 4)  p. 254-275, cit. p. 255.

 

 

[40].  Benoît XVI, Premier message au terme de la Missa pro Ecclesia concélébration eucharistique avec les cardinaux électeurs dans la chapelle sixtine, le 20 avril 2005.

 

 

[41].  Cf. K. Koch, « Einheit in Christus und in seinem Leib. Ökumenisches Lehramt im Pontifikat von Papst Benedikt XVI. », in Id., Bund zwischen Liebe und Vernunft. Das theologische Erbe von Papst Benedikt XVI., Freiburg i. Br. 2016, p. 141-165.

 

 

[42].  Th. Maasen, Das Ökumeneverständnis Joseph Ratzingers, Göttingen 2011, p. 366.

 

 

[43].  Benoît XVI, Discours lors de la rencontre avec les représentants du Conseil de l’Église évangélique en Allemagne, dans la Salle du Chapitre de l’ex-couvent augustinien de Erfurt, le 23 septembre 2011.

 

 

[44].  Ibid.

 

 

[45].  Benoît XVI, Discours lors de la célébration œcuménique dans l’église de l’ex-couvent augustinien de Erfurt, le 23 septembre 2011.

 

 

[46].  Benoît XVI, Discours lors de la rencontre avec les représentants du Conseil de l’Église évangélique en Allemagne, dans la Salle du Chapitre de l’ex-couvent augustinien de Erfurt, le 23 septembre 2011.

 

 

[47].  Cf. J. Corkery, « Luther and the Theology of Pope Emeritus Benedict XVI », in D. Marmion, S. Ryan et G. E. Thiessen (éd.), Remembering the Reformation. Martin Luther and Catholic Theology, Minneapolis 2017, p. 125-141.

 

 

[48].  J. Cardinal Ratzinger, « Luther et l’unité des Églises », in Id, Église, œcuménisme et politique, Paris 1987, p. 137-182, ici p. 154.

 

 

[49].  J. Cardinal Ratzinger, « Wie weit trägt der Konsens über die Rechtfertigungslehre? », in Communio. Internationale katholische Zeitschrift, 29 (2000), p. 425-437, cit. p. 427-428.

 

 

[50].  J. Cardinal Ratzinger, « Luther et l’unité des Églises », in Id, Église, œcuménisme et politique, Paris 1987, p. 137-182, ici p. 153-154.

 

 

[51].  Ibid. p. 172.

 

 

[52].  Benoît XVI, Discours au Président de la Fédération luthérienne mondiale, le 7 novembre 2005

 

 

[53].  Publié dans Acta Apostolicae Sedis, 92 (2000) p. 742-765.

 

 

[54].  Benoît XVI, Lumière du monde. Le Pape, l’Église et les signes des temps. Un entretien avec Peter Seewald, Paris 2011, p. 131-132.

 

 

[55].  Benoît XVI, Discours au Président de la Fédération luthérienne mondiale, le 7 novembre 2005

 

 

[56].  Benoît XVI, Discours lors de la Rencontre œcuménique à Cologne, le 19 août 2005.

 

 

[57].  J. Cardinal Ratzinger, « Luther et l’unité des Églises », in Id., Église, œcuménisme et politique, Paris 1987, p. 137-182, ici p. 142-143.

 

 

[58].  Benoît XVI, Discours lors d’une audience privée à la Délégation de l’Église unie évangélique luthérienne allemande (VELKD), le 24 janvier 2011.

 

 

[59].  Déclaration commune à l’occasion de la commémoration commune catholique-luthérienne de la Réforme, le 31 octobre 2016

 

 

[60].  « Du conflit à la communion, Commémoration luthéro-catholique romaine commune de la Réforme en 2017, Rapport de la Commission luthéro-catholique romaine sur l’unité, Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens », in Service d’information, n. 144 (2014-II), p. 79-112.

 

 

[61].  « Alle unter einem Christus. Stellungnahme der Gemeinsamen Römisch-Katholischen/Evangelisch-Lutherischen Kommission zum Augsburgischen Bekenntnis, 1980 », in H. Meyer, H. J. Urban et L. Vischer (éd.), Dokumente wachsender Übereinstimmung. Sämtliche Berichte und Konsenstexte interkonfessioneller Gespräche auf Weltebene 1931-1982, Paderborn – Frankfurt a. M. 1983, p. 323-328, cit. p. 325.

 

 

[62].  Vgl. Confessio Augustana. Bekenntnis des einen Glaubens. Gemeinsame Untersuchung lutherischer und katholischer Theologen, Paderborn – Frankfurt a. M. 1980 ; H. FRIES et al., Confessio Augustana. Hindernis oder Hilfe ?, Regensburg 1979 ; B. Lohse et O. H. Pesch (éd.), Das Augsburger Bekenntnis von 1530 damals und heute, München – Mainz 1980 ; H. MEYER, H. Schütte et H.-J. Mund (éd.), Katholische Anerkennung des Augsburgischen Bekenntnisses. Ein Vorstoss zur Einheit zwischen katholischer und lutherischer Kirche, Frankfurt a. M. 1977. Cf. aussi K. Koch, « Die Confessio Augustana – Ein katholisches Bekenntnis ? », in Id., Gelähmte Ökumene. Was jetzt noch zu tun ist, Freiburg i. Br. 1991, p. 65-106.