ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE 2010
CONSEIL PONTIFICAL POUR LA PROMOTION DE L’UNITÉ DES CHRÉTIENS

 

RAPPORT DU SECRÉTAIRE

2009–2010

 

Introduction

Les années 2009 et 2010 ont été particulièrement denses et fécondes pour notre Dicastère. À côté d’une série d’événements marquants, s’est poursuivi le travail patient, délicat, complexe et certainement moins connu qui caractérise la recherche d’unité entre les disciples du Christ. Outre la réflexion théologique, les nombreuses réunions et la poursuite des dialogues officiels bilatéraux et multilatéraux avec les Églises et communautés ecclésiales, il convient de mentionner ici quelques faits saillants qui ouvrent une fenêtre sur le monde diversifié et intense des rapports œcuméniques entre les Églises chrétiennes à la recherche de la pleine communion ; l’Année paulinienne (2008-2009) a été jalonnée par de nombreuses rencontres de réflexion théologique, mais aussi et surtout de prière et de célébration commune ; puis le centenaire de la naissance du Cardinal Johannes Willebrands, figure de proue du mouvement œcuménique, a été une occasion pour revisiter cinquante an d’engagement catholique en faveur de l’unité.

 

Conclusion de l’Année paulinienne

L’Année paulinienne a été marquée par une réflexion approfondie, sous la conduite du Saint-Père Benoît XVI, sur l’héritage théologique et spirituel laissé à l’Église par saint Paul et sur son œuvre d’évangélisation vaste et profonde. L’an 2009 a vu se succéder une multitude d’événements œcuméniques à Rome et dans d’autres « lieux pauliniens » qui ont un lien particulier avec l’Apôtre : liturgies, symposiums, pèlerinages, concerts, etc. Saint Paul, dont les enseignements sont à la base de toute la théologie de l’unité, nous rappelle que la pleine communion entre les chrétiens est fondée sur « un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême » (Eph 4,5).

À l’occasion de la conclusion de l’Année dédiée à saint Paul, le Saint-Père a nommé sept cardinaux en qualité d’Envoyés spéciaux aux célébrations de clôture qui se sont tenues simultanément, le 28 juin 2009, en diverses localités liées à la vie et à la mission de l’Apôtre. Les Envoyés pontificaux étaient : le Cardinal Walter Kasper en Terre Sainte, le Cardinal Ennio Antonelli à Malte, le Cardinal Renato Raffaele Martino à Chypre, le Cardinal Jean-Louis Tauran en Turquie, le Cardinal Josef Tomko en Grèce, le Cardinal Antonio Maria Rouco Varela en Syrie et le Cardinal André Vingt-Trois au Liban. Dans le cadre de leur mission, les Envoyés spéciaux du Saint-Père ont rencontré les représentants d’autres Églises et communautés ecclésiales. Ils ont eu en particulier des contacts avec les Évêques des Églises d’Orient : dans nombre de pays visités à cette occasion, la présence des chrétiens appartenant aux Églises orthodoxes ou aux Églises orientales anciennes est significative du point de vue historique ou numérique.

À Rome l’Année paulinienne s’est conclue par des Vêpres solennelles présidées par le Pape Benoît XVI, le dimanche 28 juin 2009, en présence des représentants des communautés non catholiques de la ville.

 

Centenaire de la naissance du Cardinal Johannes Willebrands (1909‑2009)

Le Cardinal Willebrands a joué un rôle considérable en faveur de l’engagement de l’Église catholique dans le mouvement œcuménique, d’abord aux Pays-Bas, puis au niveau du Saint-Siège et de l’Église universelle. Pendant le Concile Vatican II, il fut le premier Secrétaire de ce qui était alors le Secrétariat pour l’Unité des Chrétiens, dont il devint par la suite le deuxième Président, succédant au Cardinal Augustin Bea. Pendant près de trente ans, le Cardinal Willebrands a influencé la vision, l’esprit et la méthodologie de l’œcuménisme catholique dans la période post-conciliaire. Il a aussi beaucoup contribué à la promotion des relations entre catholiques et Juifs dans l’esprit du Concile Vatican II. Chez le Cardinal Willebrands, le dialogue œcuménique était l’expression d’une vie spirituelle intense. Avec sa compétence théologique, sa sensibilité spirituelle, sa générosité et sa chaleur humaine, il a été l’un des grands « bâtisseurs de ponts » œcuméniques au XXe siècle.

Pour commémorer le centième anniversaire de sa naissance (1909-2009), deux rencontres importantes ont été organisées, l’une à Utrecht (Pays-Bas), l’autre à Rome. À Utrecht, une Conférence œcuménique a eu lieu du 2 au 5 septembre 2009, organisée par les Archives Willebrands d’Utrecht en collaboration avec la Faculté de théologie catholique d’Utrecht-Tilburg et le Centre de recherche œcuménique de la Faculté de théologie de l’Université catholique de Louvain. L’orateur principal était le Cardinal Walter Kasper, Président de notre Conseil Pontifical, qui a parlé du legs spirituel du Cardinal Willebrands et de l’avenir de l’œcuménisme. Parmi les autres intervenants, ont pris la parole le prof. Anton Houtepen, le prof. Günther Grassman, le prof. Mauro Velati, le prof. Adelbert Denaux et le Métropolite de Pergame Ioannis Zizioulas. Cette Conférence s’est conclue par une célébration œcuménique dans la cathédrale d’Utrecht.

À Rome, le Conseil Pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens (CPPUC) a organisé un Symposium académique les 18 et 19 novembre. Ce Symposium a été inauguré dans l’après-midi du 18 novembre au Centre Pro Unione de Rome. D’abord, le Cardinal Walter Kasper, la Baronne Henriette van Lynden-Leijten, Ambassadeur du Royaume des Pays-Bas près le Saint-Siège, et Mgr Johannes van Burgsteden, Évêque auxiliaire de Haarlem, ont  adressé un salut aux participants. Puis Mme Maria ter Steeg a pris la parole pour présenter l’édition critique du Journal du Cardinal Willebrands. Ce Symposium s’est poursuivi le 19 novembre dans le grand amphithéâtre de l’Université Pontificale Grégorienne, où les diverses interventions ont porté sur la contribution du Cardinal Willebrands au mouvement oecuménique. Le prof. P. William Henn, OFM, a parlé de l’engagement du Cardinal Willebrands en faveur des relations entre l’Église catholique et le Conseil Œcuménique des Églises. Le Rev. P. Michel Van Parys, OSB, s’est penché sur les relations avec les Églises orientales. Le Rev. P. James Pugliesi, SA, a traité les relations avec les Églises et les communautés ecclésiales dans les pays occidentaux. Mgr Pier Francesco Fumagalli a parlé des relations du Cardinal avec les Juifs. Mgr Rowan Williams, Archevêque de Canterbury, a présenté un témoignage œcuménique, et le père Jared Wicks, s.j., a mis l’accent sur l’élan donné par le Cardinal Willebrands au développement de la théologie œcuménique catholique. Pour finir, le Cardinal Kasper a parlé de l’héritage du Cardinal Willebrands et de l’avenir de l’œcuménisme.

 

Nominations

En 2009, le Saint-Père a nommé deux nouveaux membres de notre Dicastère : le Cardinal Jean-Pierre Ricard, Archevêque de Bordeaux (France), et Mgr Johan Jozef Bonny, Évêque d’Anvers (Belgique). Le Saint-Père a nommé en outre comme Consulteurs de notre Dicastère Mgr Luis Francisco Ladaria Ferrer, Secrétaire de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, et Mgr Cyril Vasil, Secrétaire de la Congrégation pour les Églises Orientales.

 

Passage de relais

En 2009, des changements sont intervenus dans les effectifs du Conseil Pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens. Le 28 octobre 2008, Mgr Johan J. Bonny, responsable des relations avec les Églises orientales orthodoxes, avait été nommé Évêque d’Anvers après être resté en charge pendant plus de onze ans. En avril, il a été remplacé par le Rev. Gabriel Quicke (Belgique). En outre, pour renforcer la Section orientale de notre Conseil Pontifical, a été appelé le Rév. Andrea Palmieri (Archidiocèse de Bari-Bitonto, Italie), qui a collaboré avec Mgr Eleuterio F. Fortino (Sous-Secrétaire) pour ce qui touche aux Églises orthodoxes dans leur ensemble.

Le 1er juillet 2010, le Saint-Père a accepté la renonciation du Cardinal Walter Kasper, présentée pour limite d’âge après onze ans d’activité intense à la tête de notre Dicastère, d’abord comme Secrétaire, puis comme Président depuis neuf ans. Le Pape a appelé pour lui succéder Mgr Kurt Koch, Ordinaire de Bâle en Suisse. Avec le départ du Cardinal Kasper, notre Conseil Pontifical a perdu également les services précieux de Mgr Oliver Lahl, rentré dans son diocèse comme curé à Stuttgart.

 

In memoriam

Mgr Eleuterio Francesco Fortino

« Mémoire historique et âme du mouvement œcuménique », comme l’a dit L’Osservatore Romano dans un article commémoratif, Mgr Fortino, Sous-Secrétaire, travaillait au Conseil Pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens depuis 1965, où il a collaboré avec les Cardinaux Présidents Willebrands, Cassidy et Kasper. Il était présent dans tous les débats, études, et réunions importantes sur les thèmes œcuméniques qui se sont succédés au cours des années ; il fut l’instigateur d’un esprit positif et d’un grand nombre de propositions concrètes. Nous n’oublions pas, entre autres, sa contribution à la préparation du Directoire œcuménique. En maintes occasions, il a offert sa collaboration et son jugement « éclairé » à la Congrégation pour les Églises Orientales et au Conseil Pontifical pour les Textes Législatifs. Homme laborieux, il est l’auteur de nombreux écrits, articles et catéchèses pour sa communauté arbresh, pour l’œcuménisme en Italie, pour le Conseil Pontifical. Il fut un sage divulgateur de la spiritualité orientale authentique, apprise dans la liturgie et vécue à travers elle.

Dom Emmanuel Lanne, osb

Le 23 juin 2010, le hiéromoine bénédictin père Emmanuel Lanne, osb, théologien, liturgiste et oecuméniste, s’est endormi dans le Seigneur à l’âge de 87 ans. Ses obsèques ont eu lieu le samedi 26 juin dans son monastère de Chevetogne (Belgique) où il avait fait la profession monastique le 14 avril 1947. Grand connaisseur de l’Orient chrétien avec ses multiples dimensions d’histoire, théologie, liturgie, spiritualité et éthos ecclésial, il a mis sa science au service de l’Église dans l’enseignement universitaire, la direction des jeunes se préparant à la prêtrise ou à la vie monastique, l’engagement dans le mouvement œcuménique auquel il participait, que ce soit dans les relations avec les Églises d’Orient ou avec les communautés ecclésiales d’Occident. Il a été consulteur du CPPUC puis, de 1979 à 2006, membre de la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe dans son ensemble.

 

Publications

Le bulletin de notre dicastère, Service d’Information - Information Service, qui compte près de 3000 lecteurs, continue de paraître. Le rédacteur de la publication est actuellement le père Vladimiro Caroli, op. De nombreux échanges ont lieux avec d’autres publications théologiques ou œcuméniques.

En conclusion d’un projet en cours depuis plusieurs années, destiné à établir un premier bilan des fruits des dialogues théologiques avec les principales Églises et Communautés ecclésiales nées de la Réforme, auquel ont collaboré les officiels et les consulteurs de notre Conseil Pontifical ainsi que des interlocuteurs œcuméniques et d’autres experts en la matière, le Cardinal Walter Kasper, Président du CPPUC a fait paraître un ouvrage intitulé Harvesting the Fruits : Basic Aspects of Christian Faith in Ecumenical Dialogue (Continuum International Publishing Group) qui présente les résultats de ces dialogues selon un ordre thématique et avec des évaluations attentives, en mettant en évidence les larges domaines de convergence et ceux où un travail est encore nécessaire. Ce texte a été traduit en italien et publié sous le titre Raccogliere i frutti (Il Regno N.1066, 1er novembre 2009, Ed. Dehoniane, Bologne). D’autres traductions ont déjà paru ou paraîtront prochainement.

 

Églises orthodoxes

Dialogue théologique avec l’Église orthodoxe dans son ensemble

Ainsi qu’il avait été décidé à Ravenne durant la 10ème Session plénière de la Commission internationale mixte pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe dans son ensemble (8-14 octobre 2007), la 11ème Rencontre de la Commission s’est penchée sur le thème : Le rôle de l’Évêque de Rome dans la communion de l’Église au premier millénaire. La 11ème Session plénière de la Commission mixte internationale s’est tenue à Paphos (Chypre) du 16 au 23 octobre 2009, reçue avec grande générosité et esprit de fraternité chaleureuse par l’Église orthodoxe de Chypre. À Chypre, la Commission a travaillé sur un projet élaboré à la suite de la session de Ravenne, en suivant la méthode de préparation mise au point de commun accord au début des activités de cette Commission (Patos-Rhodes 1980). Au premier semestre de 2008, deux Sous-Commissions mixtes s’étaient attachées à réunir des éléments historiques relatifs à la période étudiée. Le Comité mixte de coordination s’était réuni ensuite à Elounda (Crète) du 27 septembre au 4 octobre 2008 pour en faire une synthèse à présenter à la Session plénière de Chypre comme projet de discussion. La Commission avait alors entamé l’examen du point central du contentieux historique entre les Églises d’Orient et d’Occident.

Comme il avait été décidé de commun accord à Paphos, la 12ème Session plénière s’est tenue à Vienne du 20 au 27 septembre 2010 à l’invitation du Cardinal Christoph Schönborn, à qui va la gratitude de notre Dicastère. À cette session plénière ont participé vingt-trois délégués côté catholique, avec quelques absences pour raisons de santé. Les vingt-sept délégués orthodoxes représentaient toutes les Églises orthodoxes, à l’exception du Patriarcat de Bulgarie.

Au cours de la réunion, les participants ont reçu la triste nouvelle de la mort de Mgr Eleuterio Fortino, survenue le 23 septembre après une longue période de maladie. Mgr Fortino avait été le co-secrétaire de la Commission mixte depuis sa création en 1980. Très émus, catholiques et orthodoxes ont prié ensemble pour le défunt en qui nombre de participants ont vu l’un des principaux acteurs des progrès œcuméniques accomplis entre les deux Églises.

Durant la réunion de Vienne, la Commission a poursuivi l’analyse du texte de Crète en examinant minutieusement les faits historiques et les témoignages relatifs au thème étudié. À l’issue d’une longue discussion, la délégation catholique a accepté de considérer ce texte comme un instrument de travail qui pourra s’avérer utile aux prochaines étapes du dialogue, quand la question du primat sera abordée dans une perspective plus proprement théologique. Il a donc été décidé de créer une sous-commission mixte chargée d’examiner les aspects théologiques et ecclésiologiques du primat par rapport à la synodalité, et de présenter les résultats de son travail au Comité mixte de coordination qui se réunira l’an prochain (2011).

Bien qu’aucun accord n’ait pu être trouvé en vue de la publication d’un document commun, ce serait une erreur de considérer cette session comme un échec. La décision de poursuivre le dialogue dans une perspective théologique est une occasion pour réfléchir plus à fond sur le thème du primat. En outre, l’important travail réalisé dans l’étude et l’interprétation commune des sources du premier millénaire relatives au rôle de l’Évêque de Rome sera précieux lorsqu’il s’agira d’élaborer un document théologique sur le primat et la synodalité.

Patriarcat Œcuménique de Constantinople

Fêtes patronales à Rome et au Phanar et autres occasions de rencontre

Du 26 au 29 juin 2009, une délégation du Patriarcat Œcuménique de Constantinople conduite par le Métropolite de France Emmanuel est venue en visite à Rome à l’occasion de la Fête des Saints Apôtres Pierre et Paul. Dans la matinée du 27, les délégués du Patriarcat Œcuménique ont rencontré le Cardinal Walter Kasper au Conseil Pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens, avant d’être reçus par le Saint-Père. Le 28 juin, la délégation du Patriarcat Œcuménique de Constantinople a participé aux Premières Vêpres présidées par le Pape en la Basilique papale de Saint-Paul-hors-les-murs à l’occasion de la clôture de l’Année paulinienne. Dans la matinée du 29, la délégation a assisté à une célébration liturgique en l’honneur des saints Pierre et Paul présidée par le Pape Benoît XVI en la Basilique Saint-Pierre.

Du 18 au 25 octobre, le 8ème Symposium sur Religion, Science et Environnent s’est tenu aux États-Unis sous le patronage du Patriarcat Œcuménique qui, depuis 1995, s’occupe tout spécialement de la question délicate de la sauvegarde de ce bien naturel qu’est l’eau. En 2009, le Symposium était dédié au thème du fleuve Mississippi. Le Saint-Père a nommé S.Exc. Mgr Gregory M. Aymond, Archevêque de la Nouvelle-Orléans, comme représentant personnel, en adressant par son intermédiaire un long message à Sa Sainteté Bartolomeo Ier.

Du 29 novembre au 1er décembre, une délégation du Saint-Siège conduite par le Cardinal Walter Kasper s’est rendue à Istanbul pour la fête de saint André, Patron du Patriarcat Œcuménique. Arrivés à Istanbul dans l’après-midi du 29 novembre, le Cardinal Kasper et les autres délégués ont été reçus en audience privée par le Patriarche Bartolomeo Ier. Le lendemain matin 30 novembre, la délégation a assisté à la Divine Liturgie en l’église patriarcale de Saint-Georges au Phanar. À la fin de la célébration, le Patriarche a prononcé un discours dans lequel il a salué très cordialement le Cardinal Kasper et la délégation. Puis le Cardinal a lu un message du Saint-Père adressé au Patriarche Œcuménique. Dans la matinée du 1er décembre, des conversations ont eu lieu au siège du Patriarcat Œcuménique entre la délégation du Saint-Siège et les responsables de la Commission synodale pour les relations avec les autres Églises chrétiennes.

Du 27 au 30 juin 2010, une délégation du Patriarcat Œcuménique de Constantinople est venue en visite à Rome à l’occasion de la Fête des Saints Apôtres Pierre et Paul. Dans la matinée du 28, les délégués du Patriarcat Œcuménique ont eu des rencontres au Conseil Pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens, avant d’être reçus par le Saint-Père. Dans l’après-midi de ce même jour, la délégation a participé aux Premières Vêpres présidées par le Pape en la Basilique papale de Saint-Paul-hors-les-murs. Dans la matinée du 29, la délégation a assisté à une célébration liturgique en l’honneur des saints Pierre et Paul présidée par le Pape Benoît XVI en la Basilique Saint-Pierre.

Patriarcat de Jérusalem

Le 15 mai 2009, au cours de son voyage en Terre Sainte, le Pape Benoît XVI a rendu visite au Patriarche orthodoxe de Jérusalem Théophile III. Une rencontre œcuménique avait été organisée au siège du Patriarcat, à laquelle participaient les représentants de toutes les communautés chrétiennes présentes en Terre Sainte. Dans son discours, le Saint-Père a souligné le lien entre l’unité de l’Église et sa mission, car c’est précisément notre désir de porter le Christ aux autres, de leur faire connaître son message de réconciliation, qui nous fait éprouver la honte de notre division.

Patriarcat de Moscou

Outre les contacts réguliers en cours ces dernières années, trois événements marquants sont intervenus dans les rapports avec l’Église orthodoxe russe. En premier lieu, l’intronisation du nouveau Patriarche de Moscou et de toutes les Russies, Sa Sainteté Kirill, élu le 27 janvier 2009. À cette occasion, le Cardinal Kasper a remis au Patriarche une lettre du Saint-Père Benoît XVI et le don d’un ciboire et d’une patène. Au cours de leur entretien, ils ont confirmé leur volonté de poursuivre le dialogue en vue de la pleine communion et de collaborer à la promotion des valeurs chrétiennes dans la culture contemporaine.

En deuxième lieu, le 24 mai 2009, jour de la Fête des saints Cyrille et Méthode dans le calendrier julien, a eu lieu la bénédiction solennelle de l’église orthodoxe russe de Sainte-Catherine à Rome, construite sur un terrain appartenant à l’Ambassade de Russie en Italie, situé à proximité du Vatican.

En troisième lieu, il faut mentionner les visites à Rome du Métropolite Hilarion de Volokolamsk, Président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, en septembre 2009, puis en mai 2010, à l’occasion de la Journée de la culture russe au Vatican, avec un grand concert offert au Saint-Père par le Patriarche Kirill et l’Église Orthodoxe russe. En cette occasion, le Métropolite Hilarion s’est entretenu avec les représentants du Saint-Siège.

En général, les rapports entre Rome et Moscou sont en voie d’amélioration, surtout depuis que le Patriarche Kirill est à la tête du Patriarcat de Moscou, grâce en particulier aux efforts intenses de l’actuel Nonce Apostolique, S.Exc. Mgr Antonio Mennini. De même, on constate une embellie dans les relations en Russie au niveau local : il n’y a, semble-t-il, plus de conflits ouverts, les accusations de prosélytisme sont devenues très rares, et le nouvel Archevêque catholique à Moscou, S.Exc. Mgr Paolo Pezzi, a fait de gros efforts en ce sens, tout comme les autres instances catholiques. Toutefois, on est encore loin d’une véritable collaboration et amitié de la part de certains prêtres catholiques, qui sont trop souvent prisonniers de préjugés à l’égard de leurs collègues orthodoxes et ne cherchent les contacts. Un point souvent évoqué par les journalistes est celui de la rencontre souhaitable entre le Pape et le Patriarche. Les deux parties confirment qu’elles y sont disposées en principe, mais qu’il existe encore quelques circonstances défavorables.

Exarchat Biélorusse du Patriarcat de Moscou

Dal 8 al 10 novembre 2009, le Cardinal Kasper s’est rendu à Minsk (Biélorussie) à l’invitation du Métropolite Philarète de Minsk et Sloutsk, Exarque biélorusse du Patriarcat de Moscou, à l’occasion d’un Congrès international sur le thème : Dialogue entre chrétiens et Juifs : les valeurs religieuses comme fondement du respect réciproque dans la société civile, dans une situation de crise mondiale, organisé par l’Institut pour le dialogue interreligieux et les relations interconfessionnelles du Synode de l’Église orthodoxe en Biélorussie et par le Centre de formation chrétienne Sts. Cyrille et Méthode, en collaboration avec le Conseil Pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens. Outre qu’il a participé à la conférence, le Cardinal Kasper a présidé une célébration eucharistique dans la cathédrale catholique de Minsk et a rencontré le Nonce apostolique, l’Archevêque de Minsk, Mgr Tadeusz Kondrusiewicz, et les autres évêques de la Conférence épiscopale avec qui il a réfléchi sur la nécessité d’avoir une attitude positive vis-à-vis du dialogue oecuménique.

Patriarcat de Serbie

Pour avoir un contact direct avec l’Église orthodoxe de Serbie et avec l’Église catholique en Serbie, le père Milan Žust, s.j., s’est rendu en visite dans ce pays du 24 au 30 octobre 2009. Quelques semaines plus tard, du 18 au 20 novembre, une délégation officielle du Saint-Siège s’est rendue en Serbie pour les funérailles du défunt Patriarche Pavle. Cette délégation était conduite par le Cardinal Angelo Sodano, Doyen du collège cardinalice. Après avoir participé aux funérailles du Patriarche Pavle, la délégation a rencontré S.Exc. Amfilohije, locum tenens du Trône patriarcal, et M. Vuk Jeremić, Premier Ministre de la République de Serbie.

L’élection du nouveau Patriarche a entraîné une amélioration et une consolidation des rapports : avant même d’être élu Patriarche, l’Évêque de Niš se montrait déjà ouvert à l’égard de l’Église catholique, et manifestait l’intention d’inviter le Pape dans la ville natale de l’Empereur Constantin à l’occasion du 1700ème anniversaire de l’Édit de Milan. Actuellement, en qualité de Patriarche, il s’est fait le promoteur de cette proposition qui semble avoir le soutien de la majorité des évêques. Toutefois, l’opposition de certains évêques, due aux rapports difficiles qui existaient autrefois avec les catholiques croates, ne permet pas encore d’adresser une invitation officielle au Saint-Père. Mais l’idée fait son chemin.

Dernièrement, du 1er au 4 octobre 2010, une délégation du Saint-Siège conduite par Mgr Koch s’est rendue en Serbie, cette fois à Pec (Kosovo), siège historique du Patriarcat serbe, pour l’intronisation solennelle du nouveau Patriarche Irinej, élu le 22 janvier, auquel Mgr Koch a remis un message du Saint-Père et le don d’un ciboire.

Église orthodoxe de Chypre

Le 5 juin 2010, à l’occasion de son voyage apostolique à Chypre, premier voyage de ce Pontife dans une nation à majorité orthodoxe, le Pape Benoît XVI a rendu visite à Sa Béatitude Chrysostomos II, Archevêque de Nouvelle Justinienne et de tout Chypre. Le Pape était accompagné entre autres par le Cardinal Kasper, Président du CPPUC. La veille, le 4 juin, Benoît XVI avait participé avec Sa Béatitude Chrysostomos, le Métropolite de Paphos Giorgos et les représentants d’autres Églises et communautés ecclésiales à une prière œcuménique en l’église de Sainte-Kyriaki Chrysopolitissa à Paphos.

Église orthodoxe de Grèce

Du 21 au 24 février 2009, le Cardinal Walter Kasper s’est rendu à Athènes en visite chez Sa Béatitude Ieronymos II, Archevêque d’Athènes et de toute la Grèce. C’était sa première rencontre avec le Primat de l’Église orthodoxe de Grèce, élu il y a un an. Le Cardinal Kasper a d’abord été reçu en audience privée par Sa Béatitude Ieronymos, puis il a rencontré les proches collaborateurs de l’Archevêque avec qui il a envisagé les collaborations possibles dans certains domaines d’intérêt commun, tels que ceux de la pastorale et de la formation des prêtres et des laïcs. Ces dernières années, le Comité catholique pour la collaboration culturelle a attribué des bourses d’étude à des étudiants grecs orthodoxes pour leur permettre de venir compléter leurs études dans une université pontificale de Rome ou dans une faculté de théologie catholique d’Italie ou de France. De son côté, l’Église de Grèce a attribué des bourses d’étude à des étudiants catholiques, jeunes prêtres ou séminaristes provenant de différentes régions du monde, pour leur permettre de participer à un cours d’été d’apprentissage de la lange néogrecque et d’introduction à la culture orthodoxe grecque. Ces cours d’été, organisés par la Apostoliki Diakonia de l’Église de Grèce dirigée par Mgr Agatanghelos, en sont cette année à leur sixième édition. Ils ont déjà été suivis par plus de cent cinquante participants, qui ont eu ainsi l’occasion de mieux connaître le monde orthodoxe grec.

Église orthodoxe d’Albanie

Du 4 au 8 décembre 2009, une délégation de l’Église orthodoxe autocéphale d’Albanie conduite par Sa Béatitude Anastas, Archevêque de Tirana, de Durres et de toute l’Albanie, a effectué une visite officielle au Saint-Père et à l’Église de Rome. Dans le salut inaugural qu’il a adressé au Saint-Père, Sa Béatitude Anastas a qualifié cette rencontre d’historique, vu que c’était la première fois qu’une délégation officielle de son Église faisait une visite à l’Église de Rome.

Église orthodoxe des Terres tchèques et de Slovaquie

Après quelques années, il y a eu de nouveau un contact direct avec l’Église orthodoxe en République Tchèque et en Slovaquie. Du 26 au 28 février 2009, Sa Béatitude Krystof, Métropolite des Terres Tchèques et de Slovaquie, est venu avec 50 fidèles en pèlerinage à Rome à l’occasion du 1040èmeanniversaire de la mort de saint Cyrille, Apôtre des Slaves. Après avoir célébré la Divine Liturgie en la Basilique de Saint-Clément, le Métropolite a rencontré le Cardinal Kasper au Conseil Pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens, avant d’être reçu en audience privée par le Saint-Père Benoît XVI.

 

Églises Orthodoxes orientales (Anciennes Églises d’Orient)

Le dialogue avec les Églises orthodoxes orientales

La Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et les Églises orthodoxes orientales (Église orthodoxe copte, Église orthodoxe syrienne, Église apostolique arménienne représentée par les deux Catholicosats d’Etchmiadzine et d’Antélias, Église orthodoxe d’Éthiopie, Église orthodoxe d’Érythrée, Église syro-malankare orthodoxe et l’Église syro-malankare), s’est réunie à Rome du 26 au 30 janvier sous la co-présidence du Cardinal Walter Kasper et du Métropolite Bishoy de Damiette, Secrétaire général du Saint Synode de l’Église orthodoxe copte.

Les travaux de la Commission ont été dédiés à l’examen et à l’approbation d’un document commun intitulé Nature, constitution et mission de l’Église. Fruit de six années de dialogue, ce document a été ensuite soumis pour approbation aux autorités ecclésiastiques respectives. C’est un résultat de taille si l’on considère que la séparation entre l’Église catholique et les Églises orthodoxes orientales dure depuis mille cinq cents ans.

Une nouvelle phase du dialogue a débuté lors de la dernière réunion de la Commission qui s’est tenue du 26 janvier au 1er février 2010 à Antelias. Cette session a été entièrement dédiée au thème de la réception des Conciles œcuméniques. Les membres de la Commission vont se pencher sur la façon dont chaque Église a accueilli les Conciles œcuméniques, sur la façon dont elles exprimaient leur communion dans les cinq premiers siècles de l’ère chrétienne, et sur le rôle de Rome avant la séparation consécutive au Concile de Calcédoine.

La prochaine rencontre aura lieu à Rome du 24 au 29 janvier 2011. Les membres réfléchiront sur la communion et la communication qui existaient entre les Églises jusque dans la première moitié du Vème siècle et sur le rôle du monachisme.

Le dialogue avec les Églises malankares en Inde

La tradition malankare qui s’est répandue au Kerala (Inde du sud) remonte à la grande expansion missionnaire de l’Église orientale syrienne dans les premiers siècles de l’ère chrétienne, attribuée à l’inspiration de l’apôtre Thomas. En Inde, les chrétiens de Saint Thomas formaient une communauté unie jusqu’au XVIIe siècle. Cette unité s’est brisée après l’arrivée des Portugais, et depuis lors l’Église de Saint Thomas est divisée en plusieurs communautés. L’Église malankare en Inde est divisée en deux : l’Église syro-orthodoxe du Malankar, qui est restée en pleine communion avec le Patriarcat syro-orthodoxe d’Antioche, et l’Église orthodoxe syrienne du Malankar, qui aspire à l’autonomie totale. Les deux dialogues avec les Églises du Malankar se sont poursuivis normalement.

La Commission mixte de dialogue entre l’Église catholique et l’Église syro-orthodoxe du Malankar a tenu sa 12e rencontre les 14 et 15 décembre 2009 au Patriarchal Centre de Puthencruz. Cette rencontre était co-présidée par S.Exc. Mgr Brian Farrell et par le Métropolite Kuriakose Mar Théophilose. La principale question à l’ordre du jour était celle du partage des sacrements et des lieux saints. La Commission a également réfléchi sur des initiatives en vue d’un témoignage commun.

La Commission mixte de dialogue entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe syrienne du Malankar a tenu sa 19e rencontre les 16 et 17 décembre au Sophia Centre de Kottayam sous la co-présidence de S.Exc. Mgr Brian Farrell et du Métropolite Gabriel Mar Gregorios, Président du Département des relations œcuméniques de l’Église orthodoxe syrienne du Malankar. Cinq thèmes principaux figuraient à l’ordre du jour : 1) utilisation commune des lieux saints, en particulier les églises et les cimetières ; 2) administration du sacrement de l’onction des malades dans certaines circonstances spécifiques ; 3) administration du sacrement du mariage entre fidèles catholiques et orthodoxes ; 4) diverses initiatives en vue d’un témoignage commun : une conférence pour les religieux et les religieuses ; coopération entre les séminaires ; une conférence sur les questions touchant à la famille ; 5) le primat pétrinien dans les écrits des Pères de l’Église et dans les anciens textes liturgiques.

Rapports avec l’Église Assyrienne de l’Orient

Le dialogue entre l’Église catholique et l’Église assyrienne de l’Orient a été fructueux sous maints aspects. Le 11 novembre 1994, le Pape Jean-Paul II et Sa Sainteté Mar Dinkha IV, Patriarche Catholicos de l’Église assyrienne de l’Orient, avaient signé une déclaration christologique commune. Par cette déclaration, une très ancienne controverse sur les implications christologiques du Concile d’Éphèse avait été résolue, et de nouveaux horizons de dialogue théologique et de collaboration pastorale s’étaient présentés. À la suite de quoi le Comité mixte pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et l’Église assyrienne de l’Orient avait programmé deux nouvelles phases de travail : la première sur la théologie sacramentelle, la deuxième sur la constitution de l’Église.

La première phase a abouti à un large consensus en matière sacramentelle, et le document final a été présenté pour approbation aux autorités des deux Églises. Cependant, des difficultés ont surgi à la suite du passage à l’Église catholique d’un des Évêques assyriens les plus engagés dans ce dialogue. Malgré un accord de principe pour renouer le dialogue, en octobre 2010, le Secrétaire du Synode de l’Église assyrienne de l’Orient a fait savoir que son Église entendait suspendre le processus de préparation au dialogue jusqu’à ce que la session plénière du Saint Synode se prononce à ce sujet.

Visites et participation aux événements

Au début du mois d’octobre 2009, le Conseil Pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens a reçu le Patriarche de l’Église orthodoxe tewahedo d’Éthiopie, Sa Sainteté Abuna Paulos, invité par le Saint-Père à prendre la parole en tant qu’invité spécial à la 2ème Assemblée spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques qui se tenait à Rome durant ce même mois. Le 6 octobre, Sa Sainteté Paulos a présenté la situation du continent africain et les défis auxquels doivent faire face les peuples d’Afrique, en réfléchissant sur le thème général de l’Assemblée : L’Église en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix.

 

Comité catholique pour la collaboration culturelle

Quarante-six ans après sa fondation, le Comité catholique pour la collaboration culturelle poursuit ses efforts de collaboration avec les Églises orthodoxes et les Églises orthodoxes orientales à différents niveaux. Le Saint-Père a déclaré en mainte occasion que le service rempli par ce Comité est un aspect très important du travail de notre Conseil Pontifical. Avec le soutien d’un réseau de bienfaiteurs, le Comité attribue des bourses d’étude à des étudiants orthodoxes présentés par leurs autorités ecclésiastiques et destinés à servir leur Église dans l’avenir. Par ailleurs, il poursuit sa collaboration avec diverses Facultés et Agences orthodoxes engagées dans l’œcuménisme. Bon nombre d’anciens boursiers sont devenus évêques, prêtres ou professeurs et servent leur Église de différentes manières ; certains d’entre eux exercent de hautes responsabilités et remplissent un grand service en vue du renforcement de la communion entre les chrétiens.

Les difficultés économiques actuelles ont entraîné une légère diminution du nombre des bourses annuelles : pour l’année 2010-2011, elles seront au nombre de 47, soit 5 de moins que l’année passée.

Outre les bourses d’étude, ce Comité finance des projets de formation, des conférences, la publication de livres catholiques traduits notamment avec la collaboration de partenaires stables à Moscou, Kiev, Minsk, Balamand et Chambésy. Ces projets donnent aux orthodoxes l’occasion d’améliorer leur formation, et aux représentants des diverses Églises celle de se rencontrer.

Chaque année, en janvier, se tient la réunion du Conseil de gestion à laquelle participent les supérieurs du Conseil Pontifical, le Président et le Secrétaire du Comité, ainsi que les principaux bienfaiteurs, afin d’évaluer le travail de l’année écoulée et de définir les projets pour l’année en cours.

Certains projets déjà réalisés méritent d’être mentionnés. Le Comité a organisé, en accord avec l’Institut pontifical Oriental, une visite d’étude à Rome pour les professeurs de l’Université orthodoxe de Saint-Tikhon de Moscou, du 18 au 27 février 2009. Par ailleurs, il a organisé et subventionné une visite des responsables et des principaux collaborateurs du Centre Saint-Clément de Kiev, du 31 octobre au 7 novembre 2009.

 

Dialogues avec les communautés ecclésiales d’Occident

Conférence des Évêques vieux-catholiques de l’Union d’Utrecht

Du 10 au 13 mai 2009 à Salzbourg (Autriche), s’est tenue la Session conclusive de la Commission internationale de dialogue entre l’Église catholique et la Conférence des Évêques vieux-catholiques rassemblés dans l’Union d’Utrecht, sous la co-présidence de S.Exc. Mgr Paul Werner Scheele, Évêque émérite de Würzburg, côté catholique, et de Mgr Fritz Réné Müller, Évêque de Berne, côté vieux-catholique. La Commission a approuvé le Rapport final de ses consultations pluriannuelles sur la communion ecclésiale entre l’Église catholique et l’Église vieux-catholique. Avec ce nouveau rapport, intitulé Église et communauté ecclésiale, un pas en avant a été accompli dans la compréhension mutuelle au niveau ecclésial, et les différences qui existent encore ont été mises en lumière.

La Communion anglicane

Aspects œcuméniques de la visite du Saint-Père en Grande Bretagne du 16 au 19 septembre 2010

De l’avis général, la visite du Pape Benoît XVI en Grande-Bretagne a été un grand succès, contrairement à ce qu’avaient annoncé ceux qui avaient prévu de vives protestations ou des foules de fidèles tièdes. À l’origine de ce succès, il y a sans aucun doute la personnalité du Saint-Père qui, avec son style et son message, s’est révélé bien différent de la caricature diffusée par la plupart des médias hostiles.

Un aspect central de cette visite du Pape a été celui des rencontres œcuméniques avec les autres leaders chrétiens, et en particulier avec l’Archevêque de Canterbury et avec les Évêques de l’Église d’Angleterre. Dans la cathédrale de Westminster, le Saint-Père a pris part à la Prière du soir célébrée avec toute la pompe de la liturgie anglicane, un exemple du patrimoine anglican qui constitue l’un des aspects caractéristiques de l’Ordinariat possible.

Dans l’ensemble, le Pape Benoît XVI a parlé des rapports entre anglicans et catholiques en termes positifs et cordiaux. À Lambeth, il a déclaré qu’il n’était pas dans son intention de « parler des difficultés que les chemins de l’œcuménisme ont rencontré et continuent d’expérimenter ». Il a rendu grâce pour les quarante années de dialogue de la Commission internationale anglicane-catholique (ARCIC), en exprimant sa satisfaction devant les « progrès remarquables » réalisés dans la direction de l’unité, en soulignant que « ce que nous partageons, dans le Christ, est plus grand que ce qui continue de nous diviser ».

Le Saint-Père a aussi mentionné à plusieurs reprises en termes généraux les questions qui font encore obstacle aux rapports œcuméniques, en déclarant que la recherche de l’unité demande l’obéissance à la volonté du Seigneur, « une obéissance qui doit être libérée de tout conformisme intellectuel ou d’une adaptation facile à l’esprit du monde ». Ces paroles ont été considérées par certains comme une référence aux questions qui agitent actuellement la Communion anglicane.

Anglicanorum Coetibus

Avant de quitter l’Angleterre, s’adressant aux évêques catholiques de Grande-Bretagne, le Saint-Père a parlé de l’Anglicanorum Coetibus qu’il considère comme « un geste prophétique qui peut contribuer à développer de manière positive les relations entre anglicans et catholiques ». Pour le Pape Benoît XVI, cette Constitution apostolique ravive notre enthousiasme pour le rétablissement de la pleine communion ecclésiale et encourage un plus riche « échange des dons » entre les patrimoines spirituels respectifs.

L’anglicanisme connaît actuellement une crise de son identité historique due en grande partie à la fragmentation culturelle du monde actuel. Au cours de son histoire, sa grande force a toujours été sa capacité d’inclure des réalités disparates. L’anglicanisme ne doit pas sa cohésion à une théologie rigide, mais à un patrimoine culturel, conservé dans le Livre de la prière commune et dans la version autorisée de la Bible et répandu à l’époque du colonialisme. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, l’anglicanisme mondial était une Église d’Angleterre pour les sujets anglais expatriés et pour ceux qui souhaitaient les imiter.

Avec l’affaiblissement du lien de dépendance culturelle dans l’époque post-coloniale, la Communion anglicane s’est enracinée dans les communautés locales, en ordonnant des prêtres et des évêques du lieu plutôt que des missionnaires anglais. L’anglicanisme a ainsi acquis une nouvelle vitalité et une force accrue dans les relations internationales, en renforçant le rôle de l’Évêque de Canterbury qui s’est trouvé placé au centre d’une Communion non seulement nationale, mais mondiale.

Toutefois, cette diversification de l’identité anglicane a également entraîné de sérieux problèmes. Sans le ciment d’une culture nationale et en l’absence d’une autorité centrale forte, l’anglicanisme a commencé à assimiler des expressions théologiques ou ecclésiologiques locales. La nature inclusive de l’anglicanisme et la flexibilité de sa structure ecclésiologique ont donné lieu à des interprétations radicalement différentes la théologie et de l’anthropologie, influencées par les tendances culturelles locales plutôt que par l’enseignement traditionnel. Le fait que certaines provinces comme celle d’Amérique du Nord ont ordonné évêques des homosexuels notoires et autorisé la bénédiction des couples homosexuels a suscité l’indignation des provinces plus traditionalistes : la province anglicane du Nigeria (la plus nombreuse) a fait savoir qu’elle ne se considérait plus en communion avec l’Episcopal Church of North America.

Au niveau mondial, l’anglicanisme cherché à préserver sa communion au moyen d’une série d’« instruments de gouvernement » (l’Archevêque de Canterbury ; la Rencontre des Primats ; le Conseil consultatif anglican, la Conférence de Lambeth), afin d’exercer un certain contrôle sur les développements théologiques sans créer une uniformité trop centralisée. Il faut bien reconnaître que ces instruments n’ont pas obtenu l’effet souhaité. L’un des insuccès les plus évidents a trait au rôle de l’Archevêque de Canterbury qui, dès lors qu’il a occupé une position plus centrale dans la Communion, a vu son autorité contestée, qualifiée d’insignifiante ou même de « néo-colonialiste ».

Outre les nouvelles problématiques touchant à la morale, des questions théologiques divisent la Communion anglicane comme celle de l’ordination épiscopale des femmes dans certaines provinces, ou encore le fait que les diacres président l’Eucharistie à la place des prêtres.

Tout cela rend la situation du dialogue œcuménique avec l’Église catholique plus complexe. Celle-ci doit tenir compte en effet des nouvelles questions morales et théologiques qui, avec leurs conséquences et leurs implications, semblent reculer la perspective d’une union pleine et visible. Certains anglicans traditionalistes, contraires aux derniers développements, se sont détachés de leur province pour fonder de nouvelles entités dont la profession de foi est souvent plus proche de la tradition apostolique ; certains d’entre eux ont demandé d’entrer en contact avec l’Église catholique.

Pour tenter de rétablir une certaine unité au sein de la Communion anglicane mondiale, un comité a été créé par l’Archevêque de Canterbury. Ce comité a lancé l’idée d’un Anglican Covenant à présenter à toutes les Provinces anglicanes, en demandant à ces dernières d’adhérer aux procédures proposées par les instances de gouvernement. L’Archevêque de Canterbury a fortement soutenu ce Covenant. Mais au terme de quatre révisions, l’aspect contraignant du Covenant a été fortement dilué ; certaines Provinces le considèrent encore trop centralisateur et jugent donc peu probable qu’il puisse devenir un instrument utile, tant pour la Communion anglicane que pour ses partenaires œcuméniques, pour définir des positions anglicanes précises sur une série de questions. Il est difficile de prévoir comment la Communion pourra éviter la fragmentation, une perspective reconnue par l’Archevêque de Canterbury lui-même.

La Constitution apostolique Anglicanorum Coetibus, publiée en novembre 2009, entendait répondre aux questions posées depuis longtemps par des groupes d’anglicans ou d’anciens anglicans qui souhaitaient définir une forme d’admission collective à la pleine communion avec le Saint-Siège. Au sein de la Communion anglicane, la promulgation de cette Constitution a suscité des réactions contrastées, certaines positives, d’autres critiques, exprimant la crainte que le Saint-Siège ne considère la forme traditionnelle du dialogue officiel comme étant dépassée. Dans ces conditions, les nombreux contacts officiels et informels du Conseil Pontifical se sont révélés extrêmement précieux pour expliquer la Constitution et présenter le contexte de sa promulgation. En outre, le Cardinal Kasper a dit très clairement que cette Constitution apostolique répond à un besoin pastoral mis en lumière par le Décret Unitatis Redintegratio § 4. Il s’agit donc d’une question à part, qui n’intervient pas dans le processus du dialogue œcuménique. Le travail du Conseil Pontifical et ses rapports historiques avec la Communion anglicane vont se poursuivre normalement.

La visite de l’Archevêque de Canterbury

Accompagné par Mgr Christopher Hill, Mgr Rowan Williams, Archevêque de Canterbury, a pris la parole au Symposium qui s’est tenu du 19 au 22 novembre 2009 en l’honneur du Cardinal Willebrands. Au cours de leur séjour à Rome, les deux prélats ont eu des conversations utiles sur la situation du dialogue œcuménique et sur les questions posées par la promulgation de la Constitution Anglicanorum Coetibus. Le 22 novembre, ils ont été reçus en audience par le Saint-Père, en compagnie du Directeur du Centre anglican de Rome et d’autres membres de la délégation.

La Commission internationale du dialogue

La Commission préparatoire chargée de préparer la troisième phase de la Commission internationale catholique-anglicane s’est réunie à Rome le 23 novembre 2009, sous la co-présidence de Mgr Alexander Brunett, Archevêque de Seattle, côté catholique, et de Mgr David Moxon, Archevêque du diocèse de la Nouvelle Zélande, côté anglican. Il s’agissait de la troisième et plus ample réunion de cette Commission préparatoire. En premier lieu, elle a examiné les propositions avancées lors de sa réunion précédente en 2008. Ces propositions ont été évaluées et réécrites pour définir le programme provisoire de la Commission internationale, conformément au mandat qui lui avait été confié par le Saint-Père et par l’Archevêque de Canterbury en novembre 2006 dans leur déclaration commune. Les thèmes suggérés pour cette troisième phase de la Commission sont les suivants : L’Église comme communion locale et universelle, et Comment l’Église locale et universelle peut-elle discerner, dans la communion, le juste enseignement éthique. Sur ces deux thèmes particulièrement significatifs à la lumière de la situation actuelle au sein de la Communion anglicane, la Commission va devoir travailler en se basant sur les déclarations communes des deux précédentes phases du dialogue.

Conversations informelles

Tous les ans, des conversations informelles ont lieu à Rome entre le Conseil Pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens et d’autres représentants de la Communion anglicane : ceux du Lambeth Palace, ceux de l’Anglican Communion Office, ceux du Centre anglican de Rome et ceux des Dialogues internationaux. Ces rencontres donnent lieu à un échange de vues franc et fructueux et à une mise à jour permanente entre les parties en dialogue. En 2009, ces conversations ont porté sur les derniers développements au sein de la Communion anglicane et leur impact sur le dialogue, et sur les effets de la Constitution apostolique Anglicanorum Coetibus.

Fédération luthérienne mondiale

L’année 2009 marquait le 10e anniversaire de la signature de la Déclaration conjointe sur la Doctrine de la Justification. Du 30 au 31 octobre, la Fédération luthérienne mondiale (FLM) et l’Église catholique ont organisé une manifestation commémorative à l’Hôtel de Ville d’Augsbourg (Allemagne) à laquelle sont intervenus des représentants luthériens, méthodistes et catholiques, et une célébration œcuménique dans la cathédrale, en présence de nombreux invités œcuméniques venus d’Allemagne et de l’étranger. Notre Dicastère y était représenté par le Cardinal Kasper et par Mgr Türk. Des célébrations analogues ont été organisées également dans d’autres pays.

1. Le dialogue luthérien-catholique

Par une étude sur le thème de l’apostolicité de l’Église, la Commission internationale luthérienne-catholique pour l’unité a conclu en 2006 sa quatrième phase de dialogue. Dans ce domaine ecclésiologique complexe et controversé, les thèmes suivants ont été étudiés dans le détail : 1) l’apostolicité comme caractéristique essentielle de l’Église, en continuité avec ses origines ; 2) l’apostolicité du ministère ordonné ; 3) les instruments dont dispose l’Église pour défendre la foi et enseigner la vérité qui lui a été transmise par les apôtres une fois pour toutes.

L’apostolicité de l’Église s’inscrit dans le cadre du consensus atteint par les catholiques et les luthériens sur la justification par la grâce du Christ, dans une profession commune selon laquelle c’est l’Esprit Saint qui rassemble les fidèles dans l’Église. Sur cette base, et malgré les différences qui existent encore, luthériens et catholiques sont fondamentalement d’accord sur la définition de l’apostolicité de l’Église et reconnaissent mutuellement la vraie apostolicité de leurs traditions respectives, avec des accentuations qui sont propres et spécifiques à chacune.

En ce qui concerne le ministère ordonné, cette étude mentionne le riche témoignage biblique et décrit les principaux changements survenus au cours des siècles dans l’ordre institutionnel et dans la théologie du service ministériel. Aujourd’hui, luthériens et catholiques sont d’accord sur le sacerdoce commun des croyants et sur le ministère comme service institué par Dieu pour tous. Toutefois les luthériens ne reconnaissent pas la définition du ministère épiscopal comme pleine réalisation du ministère ordonné donnée par le Concile Vatican II. S’il est vrai que le Concile mentionne les déficiences inhérentes à certains ministères tels que ceux des luthériens, il n’en reste pas moins que d’autres déclarations conciliaires mises en lumière par cette étude, ainsi que le consensus atteint sur la doctrine de la justification, indiquent la possibilité d’une reconnaissance plus positive de l’efficacité spirituelle du ministère luthérien de la part des catholiques.

En ce qui concerne les instruments dont l’Église dispose pour défendre la vérité de l’évangile apostolique, cette étude propose une diversité réconciliée entre catholiques et luthérien sur le canon biblique et sur le rapport entre Écriture et Tradition. Sans vouloir cacher les divergences importantes qui subsistent encore sur les ministères doctrinaux et sur le magistère, la Commission montre que les luthériens et les catholiques sont fondamentalement d’accord pour reconnaître la nécessité des ministères doctrinaux parmi les multiples modalités de témoignage de l’évangile apostolique et de son impact sur la foi, le culte et la vie des chrétiens aujourd’hui.

En 2009, sous la co-présidence de Mgr Müller, Évêque de Ratisbonne (Allemagne), côté catholique, et de Mgr Huovinen, Évêque de Helsinki (Finlande), côté luthérien, la Commission internationale luthérienne-catholique pour l’unité s’est réunie à Breklum, non loin de Hambourg, à l’invitation de l’Église locale luthérienne de Nordelbien, pour tenir la première session de la cinquième phase du dialogue. Les débats ont porté sur un nouveau thème : Baptême et communion ecclésiale croissante. La reconnaissance de l’existence d’un seul baptême est à la base de la communion entre catholiques et luthériens. Mais jusqu’à présent, cet aspect avait été considéré davantage comme un présupposé que comme un objet de la discussion oecuménique. La Commission entend rendre plus explicite cette théologie commune du baptême dans la perspective d’une communion ecclésiale croissante. La théologie commune du baptême pourra ainsi contribuer au renforcement de la communion ecclésiale. La Déclaration conjointe sur la doctrine de la justification constitue la base principale de ce projet. Dans ce document, la dimension ecclésiale du consensus sur la doctrine de la justification n’est pas soulignée expressément. Cependant, le baptême est un Sitz im Leben (situation vitale) de la justification, et son importance ecclésiale est évidente. La Commission entend approfondir ce point sur lequel il existe des convergences substantielles, qui ne portent pas uniquement sur la conception et la pratique du baptême.

D’ici 2017, qui marquera le 500ème anniversaire de la Réforme, la Commission du dialogue espère pouvoir rédiger un document commun sur ce qui pourrait être une évaluation correcte de la Réforme de nos jours, du point de vue œcuménique.

Toujours à l’occasion du 500ème anniversaire de la Réforme, l’Institut de recherche œcuménique de Strasbourg de la Fédération luthérienne mondiale et l’Institut œcuménique Johann Adam Möhler de Paderborn ont décidé de lancer un nouveau projet œcuménique international qui effectuera pour la première fois une réflexion conjointe sur les 95 thèses de Luther de 1517.

Depuis 2008, un groupe de travail de biblistes mène une réflexion sur les contenus de la Déclaration conjointe sur la doctrine de la justification au niveau international. Les exégètes catholiques, luthériens, méthodistes et réformés ont déjà atteint un large consensus sur les fondements bibliques de la doctrine de la justification.

2. Les dialogues régionaux

À côté des commissions bilatérales de dialogue entre catholiques et luthériens au niveau régional telles que celles qui existent aux Etats-Unis sur le thème Eschatologie et vie éternelle, en Finlande et en Suède sur le thème la justification dans la vie de l’Église, et de nouveau en Allemagne depuis 2009 sur le thème Dieu et la dignité de la personne, des conversations sont également en cours à d’autres niveaux, comme la série de consultations entre l’Institut œcuménique Johann Adam Möhler de Paderborn et la Faculté de théologie luthérienne de l’Église indépendante évangélique luthérienne (Selbstständigen Evangelisch Lutherische Kirche) d’Oberursel en Allemagne. Ces dialogues ont pour but de définir un certain nombre de points communs entre l’Église catholique et le luthéranisme confessionnel rassemblé au sein du Conseil international luthérien, qui comprend également le Synode du Missouri des États-Unis. De même, des entretiens sont en cours depuis 2008 avec les représentants luthériens des pays baltes en vue du lancement d’une nouvelle série de dialogues bilatéraux. Tous ces entretiens régionaux sont un complément du dialogue avec la Fédération luthérienne mondiale, auquel ils peuvent apporter des indications précieuses.

La 11e Plénière de la Fédération luthérienne mondiale qui s’est tenue à Stuttgart en 2010 sur le thème Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour a réfléchi en particulier sur la justice sociale, la paix et l’environnement. À cette occasion, il y a eu une célébration de réconciliation émouvante avec les mennonites, préparée par le dialogue luthérien-ménnonite. Le dialogue bilatéral devrait se poursuivre dorénavant au niveau trilatéral entre luthériens, mennonites et catholiques.

3. Les perspectives futures

De plus en plus souvent, le luthéranisme doit faire face lui aussi à des problèmes liés à sa communion et à son identité ecclésiale. Les luthériens connaissent aujourd’hui des divisions internes. De nouveaux groupuscules ou parties d’Églises locales se séparent et cherchent un soutien ailleurs, en s’adressant parfois à un interlocuteur œcuménique tel que l’Église catholique. À l’origine de tout cela, il y a les divergences de vues apparues récemment sur les problèmes éthiques et théologico-moraux propres à notre société sécularisée, accompagnées souvent de l’absence de bases substantielles et d’une spiritualité commune solide. De ce fait, le ton des interventions de notre interlocuteur œcuménique est devenu plus brusque et critique. Son intérêt œcuménique s’est affaibli et il cherche uniquement à maintenir le statu quo. L’objectif d’une unité pleine et visible de l’Église est en train de faire place à celui d’une simple collaboration lorsque les circonstances le permettent sans trop de difficultés. Dans cette situation intermédiaire, la poursuite des dialogues bilatéraux et leur consolidation sur la base des résultats théologiques atteints jusqu’à présent sont nécessaires pour renforcer l’œcuménisme de vie et l’œcuménisme spirituel. L’approche relativiste que l’on rencontre dans différents milieux de la société à l’égard de la foi et de la doctrine chrétienne crée une difficulté supplémentaire. Car comme l’a dit le Pape Benoît XVI : « L’acceptation de cette ligne de pensée erronée conduirait les chrétiens à conclure que dans la présentation de la foi chrétienne il n’est pas nécessaire de souligner la vérité objective, parce qu’il faut uniquement suivre sa propre conscience et choisir la communauté qui répond le mieux à nos goût personnels. Le résultat peut se vérifier dans la prolifération continuelle de communautés qui évitent souvent des structures institutionnelles et minimisent l’importance pour la vie chrétienne du contenu doctrinal » (Benoît XVI, Rencontre œcuménique, 18 avril 2008, église Saint-Joseph de New York).

À noter en outre que, à côté des anciennes divergences en partie surmontées, de nouveaux problèmes sont apparus. La post-modernité favorise la diversité des conceptions théologiques, y compris au sein du luthéranisme appelé plus que jamais à définir les points contraignants de sa doctrine. Ainsi, la Fédération luthérienne mondiale est aux prises depuis quelques années avec des problèmes concrets portant sur le renouvellement et la consolidation de sa structure, comme communion d’Églises. Les tentatives faites en vue d’établir une constitution contraignante du point de vue doctrinal, comme la proposition lancée en 2009 de faire adopter par tous les membres de l’Église protestante en Allemagne la Confessio Augustanacomme texte confessionnel, ont échoué face à des intérêts particuliers.

En outre, les nouveaux désaccords apparus dans le domaine éthique sont préoccupants. Certaines Églises membres de la Fédération luthérienne mondiale ont pris une position sur le mariage et la sexualité qui risque d’une part de diviser les fidèles, et de l’autre de provoquer la dissolution de la communion ecclésiale avec d’autres Églises membres plus traditionalistes. Nombreux sont, par exemple, ceux qui contestent les décisions prises par les Églises luthériennes de Suède et des États-Unis sur l’homosexualité et sur l’admission au ministère de personnes qui ont adopté ce style de vie.

Le 27 août 2010, un groupe de luthériens conservateurs des États-Unis se sont séparés de l’Église luthérienne évangélique en Amérique (ELCA) pour fonder une nouvelle « Église luthérienne d’Amérique du Nord ». Cette séparation fait suite à la décision prise par l’ELCA en 2009 d’autoriser les théologiens qui vivent librement leur homosexualité à accéder à la prêtrise. Il se peut que cette problématique provoque encore de nouveaux conflits au sein de la Fédération luthérienne mondiale.

Conseil méthodiste mondial

En 2009 et 2010, les relations entre catholiques et méthodistes se sont développées grâce au travail de la Commission mixte internationale catholique-méthodiste et à une série de conversations, contacts et visites de délégations officielles.

Le dialogue avec le Conseil méthodiste mondial (CMM) se déroule en phases de cinq ans, au cours desquelles est rédigé un document commun, présenté ensuite pour approbation à l’Assemblée du Conseil méthodiste mondial, convoquée tous les six ans. L’an 2010 a marqué la fin de la phase actuelle, et le document Encountering Christ the Saviour: Church and Sacraments (Rencontrer le Christ, notre Sauveur : Église et Sacrements) sera présenté en 2011 à l’Assemblée du CMM qui se tiendra à Durban (Afrique du Sud). Ce document réfléchit sur les sacrements du baptême, de l’eucharistie et des ordres sacrés à la lumière du mystère pascal. Par ailleurs, le groupe du dialogue a rédigé une « synthèse » des principaux thèmes abordés au cours des quarante ans de dialogue méthodiste-catholique, dans la ligne de Harvesting the fruits. Ce document sera présenté au CMM et au CPPUC pour avis officiel et approbation.

Du 13 au 20 novembre 2009, la Commission mixte internationale catholique-méthodiste s’est réunie au Boston College du Massachusetts, sous la co-présidence de Mgr Michael Putney et du Rev. Geoffrey Wainwright. Il s’agissait de la quatrième rencontre de cette Commission dans le cadre du cycle quinquennal. En premier lieu, la Commission mixte a conclu la discussion sur le document qui présente une synthèse du dialogue entre catholiques et méthodistes au cours des quarante dernières années, intitulé Together to Holiness ; 40 years of Methodist-Roman Catholic dialogue. En deuxième lieu, elle a poursuivi sa réflexion sur le texte Encountering Christ the Saviour: Church and Sacraments. À cette occasion, Mgr Langham a participé entre autres à un séminaire qui s’est tenu du 11 au 15 janvier sur le thème : Receptive Ecumenism and Ecclesial Learning: Learning to Be Church Together, organisé conjointement à l’Ushaw College de Durham par le Centre d’études catholiques de l’Université de Durham et par le St Cuthbert’s Seminary de l’Ushaw College.

Alliance Mondiale des Églises Réformées

La nouvelle Communion Mondiale des Églises Réformées (CMCM) est née de la fusion entre l’Alliance Mondiale des Églises Réformées (AMCR) et le Conseil Œcuménique Réformé (CER). La CMCM, qui représente près de 80 millions de chrétiens de 227 confessions vivant dans 108 pays, regroupe diverses Églises réformées congrégationalistes, presbytériennes et Églises unies. La nouvelle Communion Mondiale des Églises Réformées aura son siège à Genève (Suisse).

L’Alliance Mondiale des Églises Réformées (AMCR) était née en 1970 de la fusion de deux organismes, l’un représentant les Églises presbytériennes et réformées créé en 1875, l’autre représentant les Églises congrégationalistes. Elle rassemblait 218 Églises de 107 pays du monde, et représentait environ 75 millions de fidèles.

À l’origine, le Conseil Œcuménique Réformé (CER) avait été fondé en 1946 sous le nom de Synode Œcuménique Réformé (SER), en s’opposant aux Églises calvinistes les plus progressistes du XXe siècle. Dans un premier temps, il était hostile aux rapports œcuméniques contemporains, y compris à ceux avec le Conseil Œcuménique des Églises.

Le Conseil Général pour l’Unité (CGU) de la Communion Mondiale des Églises Réformées s’est tenu du 18 au 28 juin 2010 à Grand Rapids, Michigan, États-Unis, siège du CER. À cette occasion, le Rev. Gregory Fairbanks du CPPUC a lu un message du Pape Benoît XVI. Au cours de la rencontre, le Rev. Jerry Pillay, Secrétaire général de l’Église presbytérienne pour l’Unité en Afrique du Sud, a été élu premier Président de la nouvelle AMCR.

En avril 2011, la quatrième phase du dialogue théologique international catholiques-réformés doit débuter. Trois phases de dialogue ont déjà eu lieu avec l’AMCR. À l’issue de la première phase, de 1970 à 1977, un rapport intitulé La présence du Christ dans l’Église et dans le monde a été publié ; le rapport de la deuxième phase, de 1984 à 1990, s’intitulait Vers une conception commune de l’Église ; celui de la troisième phase, de 1998 à 2005, L’Église comme communauté pour un témoignage commun du Royaume de Dieu.

Le thème choisi de commun accord avec l’AMCR pour la prochaine phase est : Justification et sacramentalité. La communauté chrétienne comme artisan de justice. Le choix de ce thème est l’aboutissement des discussions qui ont eu lieu dans les trois premières phases du dialogue. Nous avons bon espoir que la CMCM adhérera à la Déclaration conjointe sur la Doctrine de la justification entre l’Église catholique et la Fédération luthérienne mondiale, comme l’a fait le Conseil méthodiste mondial en 2006. Côté catholique, l’équipe chargée de cette quatrième phase de dialogue est composée de Mgr Kevin Rhoades, Évêque de Fort Wayne-South Bend, Indiana (États-Unis) en tant que co-président, M. Peter Cagarella (États-Unis), le P. William Henn, ofm cap. (Rome, États-Unis), le Prof. Peter De Mey (Belgique), le Rev. Jorge Scampini, O.P. (Argentine), Mme Annemarie Mayer (Allemagne), et le Rev. Gregory Fairbanks (CPPUC) en tant que co-secrétaire.

Disciples du Christ (Églises du Christ)

À la suite de la réunion qui s’est tenue du 22 au 27 juin 2008 à Klosterneuburg, près de Vienne, sur le thème Le sacerdoce du Christ dans l’Église et le ministère, la Commission internationale pour le dialogue entre l’Église catholique et les Disciples du Christ a décidé que le moment était venu de recueillir les fruits du dialogue sur le thème principal de la quatrième phase : La présence du Christ dans l’Église.

Une rencontre a eu lieu du 28 juin au 1er juillet 2009 à Indianapolis (États-Unis) entre le Rev. David Thompson, professeur émérite au Fitzwilliam College de Cambridge (Grande-Bretagne), qui représentait les Disciples du Christ, et Mme Margaret O’Gara, professeur au St. Michael’s College de l’Université de Toronto (Canada), qui représentait l’Église catholique, en présence des deux co-secrétaires de la Commission internationale mixte, le Rev. Robert Welsh côté Disciples et le Rev. Gosbert Byamungu, officiel de notre Conseil Pontifical, pour élaborer un document qui fait la synthèse des résultats de la quatrième phase du dialogue, intitulé : La présence du Christ dans l’Église, avec une référence spéciale à l’Eucharistie. Au cours des mois suivants, compte tenu des observations transmises par les membres de la Commission internationale, les rédacteurs ont rédigé une version définitive du document approuvée par tous les membres. Ce document, qui est soumis actuellement aux autorités compétentes de l’Église catholique et des Disciples du Christ, sera publié dès qu’il aura reçu leur approbation.

En 2011 sera inaugurée la cinquième phase du dialogue officiel, après renouvellement de la Commission mixte internationale au terme de son mandat de cinq ans (2011-2016). Après la renonciation du Rev. William Tabbernee, les Disciples du Christ ont nommé un nouveau co-président de la Commission mixte internationale en la personne de M. Newell Williams, Président de la Brite Divinity School de Fort Worth (États-Unis).

Alliance Baptiste Mondiale

L’Alliance Baptiste Mondiale (ABM) est une Communion de 216 Conventions et Unions baptistes représentant plus de 37 millions de croyants baptisés et une communauté de 105 millions de personnes. Comme leurs prédécesseurs anabaptistes, les baptistes pratiquent le « baptême des croyants » adultes, ce qui explique la différence entre les 37 millions et les 105 millions. La théologie baptiste a des racines à la fois anabaptistes et calvinistes. Les baptistes, qui sont des évangéliques par leur approche théologique, partagent généralement les prises de position de l’Église catholique sur toutes les questions relatives à la famille et à la morale. L’Alliance baptiste mondiale a été fondée à Londres en 1905 lors du premier Congrès baptiste mondial. En 2004, la Convention baptiste du Sud (principale dénomination protestante des États-Unis avec 16 millions d’adhérents baptisés, soit près de 50% des baptistes des États-Unis) s’est retirée de l’ABM. Les baptistes du Sud contestent l’ordination des femmes, sont prudents en matière d’œcuménisme, et ont une approche plutôt traditionaliste des questions sociales.

La deuxième série de conversations entre l’Alliance baptiste mondiale (ABM) et l’Église catholique en est à sa cinquième et dernière année. Le thème général de cette phase, qui couvrait la période 2006-2010, était La Parole de Dieu dans la vie de l’Église : Écriture, tradition et koinonia. Mgr Arthur Serratelli (États-Unis) et le Rev. Paul Fiddes (Oxford, Grande-Bretagne) étaient les co-présidents de ces rencontres. Au terme de la première phase de conversations sur le thème : Appelés à témoigner le Christ dans le monde d’aujourd’hui (1984-1988), l’Assemblée générale de l’ABM, réunie en 1990, avait rejeté le rapport conclusif. Après la fin de cette première phase, il avait fallu attendre 18 ans pour que puisse enfin débuter la deuxième phase des conversations. La quatrième session de la deuxième phase de conversations entre l’Alliance baptiste mondiale et l’Église catholique s’est tenue du 13 au 19 décembre 2009 à Rome. Les discussions ont porté sur le thème : Supervision et primat dans le ministère de l’Église.

La Conférence Mennonite Mondiale

Les mennonites se situent dans la tradition anabaptiste de la Réforme qui, au XVIe siècle, avait pris des positions encore plus radicales que celles de Luther, Zwingli et Calvin. La Conférence mennonite mondiale (CMM) représente 1,6 millions de fidèles appartenant à 99 Églises nationales de mennonites et de Brethren in Christ de 56 pays du monde entier. Plus de 60% d’entre eux sont Africains, Asiatiques ou Latino-Américains.

La première phase des conversations entre la CMM et le CPPUC, intitulée : Appelés à être ensemble des artisans de paix, s’était tenue de 1998 à 2003. En 2009, le CPPUC a proposé à la CMM une nouvelle série de conversations sur le thème du baptême. Et comme l’Église catholique et la Fédération luthérienne mondiale avaient recommandé que ce thème soit traité dans le cadre des conversations avec la CMM, on a décidé d’organiser des conversations trilatérales entre la CMM, la FLM et le CPPUC. Cette réflexion sur le baptême – l’un des principaux points historiques de division avec les anabaptistes – sera aussi une occasion pour se pencher sur les questions théologiques initiales et pour aborder la reconnaissance mutuelle du baptême.

Du 12 au 19 juillet, le Rev. Fairbanks a participé à la Conférence Mondiale Mennonite à Asuncion, au Paraguay. Le Rev. Fairbanks a porté le salut du CPPUC à l’Assemblée et au nouveau président de la Conférence Mondiale Mennonite, Danisa Ndlovu, du Zimbabwe.

Church Communities International (Bruderhof)

Le 26 octobre, le Cardinal Kasper et le Rev. Fairbanks ont rencontré une délégation des Church Communities International (Bruderhof) au CPPUC en vue de promouvoir des relations cordiales avec ce groupe anabaptiste très actif, qui a lancé de nombreuses initiatives en faveur de la défense de la vie humaine et de la famille.

Armée du Salut

L’Armée du Salut, fondée dans les années 1860, est un mouvement missionnaire au service des pauvres. Son fondateur, William Booth, était un ministre méthodiste. L’Armée du Salut est présente dans 121 pays. Elle déclare compter parmi ses membres plus de 17 000 officiers actifs et plus de 8 700 officiers en pension, plus un million de soldats, près de 100 000 employés, et plus de 4,5 millions de volontaires. Les membres de l’Armée du Salut peuvent être définis comme chrétiens évangéliques qui ne pratiquent aucun sacrement.

Depuis quelques années, des conversations œcuméniques informelles sont en cours entre l’Armée du Salut et l’Église catholique. Ces conversations en sont encore au stade informatif. En 2009, elles avaient porté sur la façon dont les deux parties considèrent la Révélation divine. Le thème choisi pour 2010 était celui des interprétations respectives de la justification. Celui de 2011 sera la sanctification, et celui de 2012, la mission. Pour le moment, les partenaires n’ont pas l’intention d’officialiser ces conversations ni d’en publier les résultats.

Pentecôtistes, Évangéliques, Charismatiques

Au cours des deux dernières années, le travail relatif aux rapports entre catholiques et pentecôtistes s’est concentré sur la préparation de la prochaine phase du dialogue qui aura pour thème : Les charismes dans l’Église : leur signification spirituelle, leur discernement et leurs implications pastorales. Entre-temps, diverses occasions de formation œcuménique ont été offertes aux catholiques. Mgr Juan Usma, responsable de la section occidentale, a participé à une série de rencontres en Océanie (Conférence nationale des délégués pour l’œcuménisme en Australie, rencontres dans les diocèses du Queensland, conférences et rencontres de formation dans différents diocèses de Nouvelle Zélande) et en Amérique latine (réunion de tous les évêques responsables de l’œcuménisme des 22 Conférences épiscopales du continent). Les évêques de la Commission pour l’évangélisation de la Fédération des Conférences épiscopales d’Asie ont exprimé le désir d’organiser une rencontre sur la « question pentecôtiste ».

Pour les prochaines années, il est important de tenir compte des changements qui se sont produits et se produisent encore dans l’univers pentecôtiste, comme le prouve l’attention donnée aux questions œcuméniques durant la dernière Conférence mondiale pentecôtiste qui s’est tenue en novembre 2010 à Stockholm (Suède). M. Robeck, co-président du dialogue catholique-pentecôtiste, estime que l’accent mis sur la nécessité d’une plus grande unité avec l’Église universelle est lié à une tentative en cours actuellement pour retrouver la vision pentecôtiste initiale sur l’unité des chrétiens.

Dans le cadre de ses conversations préliminaires avec un groupe de leaders des Charismatiques non dénominationnels qui font partie de la troisième vague des pentecôtistes, le CPPUC a eu une deuxième rencontre avec eux pour approfondir la question de leur identité confessionnelle et de la perception qu’ils ont d’eux-mêmes (la première avait porté sur le concept de l’unité des chrétiens). Les Charismatiques non dénominationnels ont parlé de l’effusion de l’Esprit Saint (Anointing in the Holy Spirit), tandis que les catholiques ont présenté une réflexion sur Le rôle de la Doctrine dans l’Église catholique. Nos partenaires du dialogue international catholique-pentecôtiste ont manifesté leur gêne et leur perplexité au sujet de l’existence de ces conversations. Les éclaircissements que nous leur avons fournis ont été bien accueillis. À nous de déterminer les meilleures modalités pour maintenir le contact avec ces groupes sans nuire au dialogue international catholique-pentecôtiste. La prochaine rencontre, prévue pour 2010, se concentrera sur la mission de l’Église. Elle devra dresser un bilan des conversations menées jusqu’à ce jour et décider comment procéder à l’avenir.

En ce qui concerne les évangéliques, une troisième série de consultations entre l’Église catholique et l’Alliance évangélique mondiale est en cours (la deuxième série s’était conclue en 2003). Quatre autres rencontres sont prévues dans le cadre de ce projet. La première session a été dédiée à la recherche d’une base commune entre catholiques et évangéliques sur les questions dogmatiques et éthiques. Même s’il existe en principe un programme et une approche communes aux questions éthiques entre catholiques et évangéliques, il est clair qu’il existe des divergences importantes au niveau de l’ecclésiologie.

L’une des avancées les plus significatives réalisée durant cette période est sans aucun doute la participation d’une délégation officielle catholique en qualité d’observateur à l’assemblée Lausanne III qui s’est tenue au Cap, Afrique du Sud. Il s’agit d’une grande première, car la présence catholique n’avait jamais été prise en considération aux assemblées précédentes. Le Mouvement de Lausanne a joué un rôle important dans le processus identitaire des évangéliques. Alors que Lausanne I s’était concentré sur la définition du « Covenant », et que Lausanne II avait cherché à définir une stratégie missionnaire, Lausanne III a réaffirmé les engagements précédents et s’est efforcé d’indiquer le chemin à suivre pour mener à bien la mission dans le monde d’aujourd’hui, tout en rappelant 100ème anniversaire de la Conférence mondiale sur la mission d’Édimbourg, quoique d’une façon moins marquée que celle à laquelle on pouvait s’attendre. Cape Town 2010 a été un Congrès sur l’évangélisation qui a rassemblé des chrétiens de toutes les traditions qui ont en commun la même volonté et la même approche missionnaire. De temps à autres, y compris pendant les plénières, les stéréotypes sur l’Église catholique et sur les catholiques en général ont été exprimés. Mais chaque fois, des voix se sont élevées pour contester cette approche.

Bien que les observateurs aient participé à toutes les activités de la semaine et que la présence de la délégation catholique, composée de Mgr Stephen Brislin, Mgr Graham Rose, Mgr Daniel, Mgr Oscar Cantu, et Mgr Juan Usma du CPPUC, ait été très appréciée dans les groupes de travail, la participation des catholiques n’a pas été mentionnée dans les plénières de la semaine et les saluts de certaines délégations ont été présentés uniquement durant les rencontres des observateurs.

 

Dialogues multilatéraux

Le Conseil Oecuménique des Églises (COE)

Alors que le Conseil Œcuménique des Églises se définit comme « un instrument privilégié du mouvement œcuménique », l’Église catholique cherche à appliquer sa vision œcuménique en jouant un rôle complémentaire au sein du mouvement œcuménique, qui représente un unique mouvement. Tout en reconnaissant qu’il existe des divergences entre les structures ecclésiologiques de ces deux institutions, il est très important que leurs rapports soient perçus comme complémentaires et non compétitifs. C’est pourquoi l’Église catholique continue à participer aux activités du Conseil Œcuménique des Églises, comme expression de la koinonia partielle qui existe déjà entre ces deux institutions.

En 2009, durant la rencontre du Comité central du COE qui s’est tenue du 26 août au 2 septembre à Genève, un nouveau Secrétaire général a été élu en la personne du Rev. Olav Fykse Tveit de l’Église évangélique luthérienne de Norvège. Fait significatif, la première initiative du nouveau Secrétaire général, entré en charge en janvier 2010, a été de venir en visite au Conseil Pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens en mai 2010, en manifestant clairement sa volonté de poursuivre le parcours œcuménique avec l’Église catholique.

La recherche théologique d’unité entre les deux institutions est menée par la Commission Foi et Constitution du COE, dont l’Église catholique est membre à plein titre, et par le Groupe mixte de travail (GMT) qui s’efforce d’identifier des domaines de collaboration où il serait possible de donner un témoignage commun visible de l’Évangile. Du 20 au 23 mai 2009, le Comité exécutif du GMT s’est réuni à Dublin à l’invitation de l’Archevêque Diarmuid Martin, co-modérateur catholique du GMT, pour réfléchir sur les progrès réalisés par le 9ème Rapport sur deux thèmes et deux questions examinées actuellement par le GMT : réception œcuménique, racines spirituelles de l’œcuménisme, migrations et jeunesse. Du 12 au 19 octobre 2009, les 36 membres de la Plénière du GMT se sont réunis à Cordoue, en Espagne, pour examiner ces questions plus à fond.

Du 24 au 27 mai 2010, le Comité exécutif du GMT s’est réuni une nouvelle fois à Targoviste, Roumanie, à l’invitation cette fois du co-modérateur du GMT, l’Archevêque et Métropolite Nifon di Targoviste. Dernièrement, du 26 septembre au 3 octobre 2010, lors de la Plénière du GMT au monastère grec-orthodoxe Saint-Christophe de Saïdnaya en Syrie, les derniers amendements ont été introduits dans le texte du 9ème Rapport sur les thèmes et les questions indiquées ci-dessus.

Par ailleurs, le COE et l’Église catholique collaborent intensément à la formation des futurs oecuménistes. Un professeur catholique enseigne à l’Institut Œcuménique de Bossey, et chaque année, les étudiants de cet Institut et les jeunes stagiaires du COE viennent en visite au Saint-Siège pendant une semaine pour voir de près comment l’Église catholique est organisée, et quelle est sa contribution au mouvement oecuménique.

Ce même esprit de collaboration caractérise aussi les rapports entre le COE et les Communions chrétiennes mondiales. Il se manifeste en particulier au sein du Conseil consultatif mixte, où les Secrétaires des Communions chrétiennes mondiales et les membres du COE ont des échanges de vues sur les progrès du mouvement œcuménique. Lors de la dernière rencontre du Conseil consultatif mixte, les 19 et 20 mai 2010, M. Olav Fykse Tveit a souligné l’importance de la contribution des Secrétaires généraux des Communions chrétiennes mondiales au travail du COE, en les invitant à définir avec le COE une vision commune et à partager les ressources disponibles pour se rapprocher encore davantage de l’objectif de l’unité visible.

Cette volonté d’approfondir les rapports à l’intérieur du mouvement œcuménique est également à la base des activités du Global Christian Forum(GCF). Le CPPUC encourage le travail du Comité du GCF à cause de sa vision théologique qui le pousse à faire participer au mouvement œcuménique les chrétiens pentecôtistes et évangéliques, généralement réticents à adhérer aux expressions traditionnelles du dialogue œcuménique. Après le succès du Global Event du GCF en 2007 à Nakuru, près de Nairobi au Kenya, le Comité du GCF s’est réuni du 23 au 25 février 2009à Helsinki, Finlande ; les 9 et 10 novembre 2009 à Sunbury-on-the-Thames, Grande-Bretagne ; et les 16 et 17 juin 2010 à Chicago, États-Unis. Des rencontres régionales ont également eu lieu du 20 au 30 juin 2009au Moyen-Orient, en Égypte, au Liban et en Syrie ; du 16 au 20 novembre 2009à Peduase près d’Accra, Ghana ; du 12 au 16 novembre 2010 à Séoul, Corée ; et du 23 au 25 novembre 2010 à San José du Costa Rica. Les délégués catholiques qui étaient présents à toutes ces rencontres y ont participé avec un intérêt croissant. Un deuxième Global Event du GCF est prévu du 4 au 7 octobre 2011 en Indonésie, près de Djakarta.

À l’occasion du centenaire de la Première Conférence mondiale sur la mission de 1910 à Édimbourg, Écosse, considérée généralement comme le point de départ du mouvement œcuménique moderne, l’Église catholique a participé à différentes manifestations commémoratives en signe de son long engagement œcuménique. Même si les catholiques n’étaient pas représentés à la Conférence de 1910, les célébrations du centenaire d’Édimbourg ont vu la participation d’une délégation officielle catholique nombreuse, conduite par Mgr Brian Farrell, Secrétaire du CPPUC, et une participation encore plus nombreuse de l’Église catholique locale et des catholiques venus du monde entier. Les délégués catholiques sont intervenus en plénière, ont présidé de petits groupes de travail, et ont contribué de différentes manières au succès de ces manifestations. Cette participation montre le changement intervenu au cours des cinquante années d’engagement catholique dans le mouvement oecuménique. Cet engagement a certainement conduit à une nouvelle vision de l’impact de l’œcuménisme sur la mission chrétienne, et de ce que cela signifie pour l’avenir du christianisme mondial, pour les rapports entre les diverses traditions chrétiennes, et pour le témoignage commun de l’Évangile dans le monde. Le CPPUC a un Consulteur catholique qui travaille au siège du Centre œcuménique de Genève. Du 8 au 12 juin 2009, une délégation officielle de la Commission du COE sur la mission mondiale et l’évangélisation comprenant trois commissaires catholiques qui font partie de l’équipe a été reçue au Conseil Pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens. Pendant son séjour à Rome, la délégation s’est rendue en visite à la Congrégation pour l’évangélisation des peuples et à la Faculté de missiologie de l’Université Pontificale Urbanienne. Ces rencontres avaient pour thème central l’identification de nouvelles façons de mener à bien la mission ensemble. En outre, le CPPUC a été invité pour la première fois à venir en visite au COE.

Visite d’étude à Rome des étudiants de Bossey

Chaque année, les étudiants de l’Institut Œcuménique de Bossey viennent en visite à Rome. Ils sont reçu par le CPPUC, participent à l’Audience générale du Saint-Père, et visitent certains Dicastères, l’Union internationale des Supérieurs généraux, le Centre Pro Unione, la Faculté de théologie vaudoise, les Universités pontificales, la Communauté de Sant’Egidio et le Mouvement des Focolari. Enfin, ils visitent les basiliques papales, les catacombes de Priscilla, et la Paroisse de la Transfiguration de Notre Seigneur Jésus Christ où ils participent à la célébration eucharistique dominicale.

Les Youth Interns

À la demande du COE, le Conseil Pontifical accueille chaque année les Youth Interns : il s’agit d’un groupe de jeunes qui participent au programme de formation œcuménique organisé par le COE. Ces stagiaires participent à un programme de visite analogue à celui des étudiants de Bossey.

Collaboration avec la Commission Foi et Constitution

Le COE définit la Commission Foi et Constitution comme étant le « forum théologique le plus représentatif de la chrétienté ». Foi et Constitution s’est réunie pour la première fois à Lausanne en 1927. L’Église catholique en est membre depuis 1968, avec 12 commissaires sur un total de 120 (soit 10% des membres de la Commission). Il y a 3 membres catholiques dans la Commission permanente de Foi et Constitution, composée de 30 membres (soit 10%) : le père Frans Bouwen, Mme Myriam Wijlens et le père William Henn. Les autres membres catholiques sont : Mgr John Olorunfemi Onaiyekan, Mme Barbara Hallensleben, le Prof. Piotr Jaskola Roman, le Prof. Wolfgang Thönissen, le Rev. Angelo Maffeis, le Rev. Jorge Scampini, Sœur Ha Fong Maria Ko, Sœur Lorelei F. Fuchs, Dom Michel Van Parys, OSB.

La plénière de Foi et Constitution s’est tenue en octobre 2009à l’Académie orthodoxe de Chania, en Crète. Ses trois principaux projets d’étude portent actuellement sur :

  1. L’ecclésiologie, avec un document d’étude sur La nature et la mission de l’Église (Faith and Order Paper n. 198, 2005). Plus de quatre-vingt réponses sont parvenues des Églises et institutions auxquelles ce document avait été envoyé. En juin 2010, lors de sa réunion en Arménie, la Commission permanente a décidé de réviser et raccourcir ce texte. Parallèlement, elle entend travailler sur un autre texte moins théorique et plus accessible aux fidèles.
  2. Les sources de l’autorité. En réfléchissant sur la façon dont les Églises utilisent les sources de l’autorité, la Commission a tenté de définir une nouvelle approche à l’ancien débat sur « Écriture contre Tradition », fondée non plus sur la discussion théorique, mais sur l’échange d’expériences. Après une première consultation en septembre 2008, et après la rencontre de 2010 en Crète, le groupe de travail espère achever la première partie de son étude sur les premiers témoins dans les Églises (Pères de l’Église, maîtres) comme interprètes des Écritures.
  3. Le discernement moral dans les Églises. En analysant des cas spécifiques relatifs à certaines questions controversées comme le prosélytisme, l’homosexualité ou la recherche sur les cellules souches, la Commission s’est penchée sur la façon dont les Églises établissent leurs prises de position sur les questions morales. Le but était de lancer un processus destiné à définir une série de démarches en matière de discernement moral des Églises, qui soit acceptable au niveau œcuménique. Ce projet suscite de grandes attentes au sein du COE et dans les milieux oecuméniques.

Projet sur le baptême

À côté de ces thématiques, un autre projet qui mérite d’être mentionné est celui sur le baptême. Un document d’étude intitulé Un seul baptême, rédigé par une précédente Commission permanente, est prêt maintenant pour la publication. Contre toute attente, il avait rencontré une forte opposition en juin 2008, lors de la rencontre de la Commission permanente au Caire, surtout du côté orthodoxe. Malgré tout, le Comité central du COE et bon nombre d’Églises avaient continué à insister sur l’importance de ce texte et à demander qu’il soit publié. À la réunion du Caire, quelques légères corrections ont été apportées à ce document, et il a été bien précisé qu’il s’agit d’un document de travail et non d’une déclaration commune.

Nous ne pouvons pas conclure sans mentionner que chaque année, le Conseil Pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens et la Commission Foi et Constitution du Conseil Œcuménique des Églises préparent ensemble les textes de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens.

Les textes pour 2012 ont été rédigés par un Comité comprenant des représentants de la Conférence épiscopale de Pologne et du Conseil Œcuménique des Églises. Ce Comité a proposé le thème de cette semaine de prière, ainsi que des lectures, commentaires et prières pour ces huit jours, et une notice d’information sur la situation œcuménique en Pologne.

Communions Chrétiennes mondiales (Christian World Communions)

Du 11 au 15 novembre 2009, a eu lieu à Canterbury, Grande-Bretagne, la plénière des Secrétaires généraux des Communions Chrétiennes mondiales. Mgr Brian Farrell (Secrétaire du CPPUC) et le Rev. Gosbert Byamungu ont pris part à cette réunion. Cette plénière leur a donné l’occasion de rencontrer les Secrétaires généraux et les représentants de quasiment toutes les Églises et communautés ecclésiales engagées dans le parcours oecuménique.

La plénière de 2010 s’est tenue du 2 au 5 novembre à Genève. Au cours de cette plénière, toutes les Communions ont fourni des informations sur leurs relations œcuméniques, et le Secrétaire du CPPUC a été élu modérateur pour les deux prochaines années.