DISCOURS DE SA SAINTETE TAWADROS  II,
PAPE D’ALEXANDRIE ET PATRIARCHE DU SIEGE DE SAINT-MARC

 

10 mai 2013

 

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit  – Unique Dieu, Amen.

Christ est ressuscité, en vérité il est ressuscité !

« Grâces soient à Dieu qui, dans le Christ, nous  emmène sans cesse dans son triomphe et qui, par nous,  répand en tous lieux le parfum de sa connaissance ! « (2 Co 2, 14)

 

Au nom de l’Église copte orthodoxe, du Saint-Synode et de tous les chrétiens coptes dans le monde, j’ai le plaisir de présenter à Votre Sainteté mes plus profondes et sincères félicitations, ainsi que de la part de l’Église copte orthodoxe que je préside, pour Votre  élection comme Pape de l’Église catholique et Évêque de Rome, par l’œuvre du Divin.  

C’est l’une des plus prestigieuses responsabili tés  dans la Communauté chrétienne et qui revêt une importance particulière dans le monde entier.

Guidé par l’Esprit Saint, je félicite Votre Sainteté à l‘occasion de cette visite qui coïncide avec le quarantième anniversaire de la visite de Sa Sainteté,  le regretté  Pape Shenouda III, appelé le « Pape des arabes » et  pionnier du Mouvement des lumières dans l‘Église  copte orthodoxe, au Pape Paul VI : une visite qui a eu  lieu en 1973, du 3 au 10 mai (jour où les deux  Papes  ont signé une Déclaration commune), dans la Cité du  Vatican, visite considérée comme la toute première de  la part du Pape d‘Alexandrie et Patriarche de l‘Église  copte au Pape romain. Cette année-là, j‘étais encore  étudiant à la Faculté de pharmacie de l’Université  d’Alexandrie, à Alexandrie en Égypte. Cette première  visite a été suivie par la visite du Pape Jean-Paul II en  Égypte en l’an 2000. La visite qui m’amène aujourd’hui  restera mémorable pour moi, tant pour l’importance  qu’elle revêt que pour sa coïncidence avec celle du Pape  Shenouda III. Je souhaite qu’elle soit la première d’une  longue série de rencontres d’amour et de fraternité  entre nos deux Églises. C’est pourquoi je propose que  le 10 mai de chaque année nous célébrions la fête de  l’amour fraternel entre l’Église catholique et l’Église  copte orthodoxe.

Je suis venu d’Égypte, « le pays du Nil », rendre visite à Votre Sainteté et c’est mon tout premier voyage à  l’étranger depuis mon intronisation comme Pape de  l’Église copte orthodoxe, en novembre dernier.  

Mon pays est le berceau de la plus ancienne civilisation du monde, la civilisation des Pharaons. Mais ce  n’est pas tout ; en Égypte sont nées et se sont développées d’autres importantes et antiques civilisations : la  civilisation gréco-romaine, la civilisation copte et la civilisation  musulmane.

L’Égypte est l’endroit où ont eu lieu des manifestations divines qu’aucun autre pays n’a jamais connues.  

Selon la prophétie d’Osée, « de l’Égypte, j’ai appelé  mon fils », et celle d’Isaïe, « bénie soit l’Égypte, mon  peuple », la Sainte Famille a visité les villes et les gouvernorats de l’Égypte, se déplaçant d’est en ouest et du nord au sud comme pour bénir tout le pays du signe de  la croix.

En outre, un grand nombre de prophètes et de saints sont nés et ont vécu en Égypte, pays ré puté pour la coexistence pacifique entre les diverses communautés religieuses.

De plus la Sainte Famille a rendu les territoires  d’Égypte sacrés après que Jésus les a foulés de ses pieds. L’Égypte compte donc d’importantes manifestations du Divin et c’est un pays unique de par sa civilisation.

Par la suite, au cours des premières années du christianisme, l’apôtre saint Marc a diffusé la religion chrétienne en Égypte et il est mort en martyr dans la ville d’Alexandrie, l’épouse de la Méditerranée et ville d’Alexandre le Grand.

Mon Église copte est très ancienne, son histoire remonte à plus de dix-neuf siècles. Elle a été fondée par saint Marc l’évangéliste au Ier siècle et s’est nourrie  jusqu’à aujourd’hui du sang de nombreux martyrs, se renforçant toujours plus.

En Égypte est également né le monachisme chrétien  dont la règle monastique a été établie par le grand saint Antoine, appelé Père de tous les moines. Plus tard, au  milieu du IIIe siècle, saint Pacôme, originaire de Haute-Égypte, développa la règle de la vie communautaire qui s’est ensuite étendue au reste du monde. Le monachisme a donc eu un rôle important dans la formation  de l’Église copte orthodoxe. Les coptes se sont développés dans le monde entier, comme une solide entité religieuse chrétienne, avec un caractère chrétien clair.

Il ne fait aucun doute que la contribution de l’Église  copte orthodoxe a été importante et considérable. Les  Patriarches et les Pape s d’Alexandrie ont eu un rôle majeur dans la théologie chrétienne. Je voudrais souligner que les relations entre l’Italie et l’Égypte sont traditionnellement solides et durent depuis deux millénaires. Ces deux pays bénéficient donc de la richesse de merveilleuses civilisations méditerranéennes et d’un patrimoine humain qui les rend uniques au monde.

C’est pourquoi l’Italie occupe une place particulière  dans nos cœurs. L’Italie est également citée dans la  sainte Bible, dans les épitres de Paul de Tarse, l’apôtre  qui, au premier siècle du christianisme, a fondé avec  saint Pierre le siège de l’Église chrétienne à Rome où tous deux ont subi le martyre. C’est à peu près à la même époque que l’apôtre saint Marc a fondé le siège de l’Église copte orthodoxe dans la ville d’Alexandrie.

Je rappelle également que l’Église copte orthodoxe  et l’Église c atholique sont liées par des relations dont  les profondes racines remontent aux conciles œcuméniques (le premier concile de Nicée, en 325 après J.-C.,  lorsque le « Credo de Nicée » fut formulé avec la contribution du courageux diacre Athanase, le plus jeune  Pape de l’Église copte surnommé le « Protecteur de la  foi » ).

Le plus grand témoignage des solides relations unissant nos deux Églises est la fondation de nos deux diocèses en Italie : l’Évêque Barnaba, à Turin, et l’Évêque Kiroulos, à Milan, qui son t les représentants officiels de l’Église copte orthodoxe, sont chargés de s’occuper de tout ce qui concerne les fidèles coptes dont le nombre ne cesse d’augmenter.  

Il faut également mentionner que tous ici louent l’amour, la coopération féconde et le grand soutien manifesté par l’Église catholique à l’Église copte orthodoxe présente dans votre beau pays.

Tant l’Église catholique que l’Église copte orthodoxe travaillent ensemble au Moyen-Orient et en Occident en vue de la promotion et de la diffusion de la paix dans le monde entier. Toutes les deux encouragent  le dialogue œcuménique entre les deux Églises afin d’atteindre l’unité désirée.

C’est pourquoi, pour la première fois, j’ai tenu à participer personnellement à la cérémonie d’intronisation du Patriarche de l’Église catholique en Égypte, Sa Sainteté Ibrahim Isak. Nous avons également institué en février dernier, le Conseil des Églises d’Égypte, dont sont membres toutes les Églises présentes en Égypte en signe de notre solidarité et de notre amour fraternel.  

Je suis fier de mon pays, l’Égypte, et je suis également heureux d’être venu en visite à la Cité du Vatican qui, bien qu’étant le plus petit État au monde tant par sa population que par sa superficie, est également le  plus important en raison de son influence et de la sainteté de son service.

Le Vatican conserve aussi dans ses propres musées et bibliothèques d’importants trésors artistiques, expression du génie de l’être humain tout au long des  siècles. N’oublions pas non plus le rôle fonda mental que cet État revêt dans la défense des questions éthiques et dans la recherche de la paix dans le monde.

Je conclus mon discours par le vœu de consolider les excellentes relations qui existent déjà entre l’Église copte orthodoxe et la grande Église catholique. Notre objectif commun sera de travailler ensemble pour promouvoir le dialogue œcuménique et parvenir à la paix  dans le monde entier. Je prie notre Seigneur afin qu’il aide et soutienne Votre Sainteté dans sa tâche tout au long de sa sainte mission.

En espérant avoir l’honneur de recevoir la visite de Votre Sainteté dans mon pays bien-aimé, l’Égypte, je renouvelle les félicitations de toute l’Église copte, des communautés religieuses et de tout le peuple égyptien.

Pour terminer, je voudrais remercier à nouveau Votre Sainteté pour son hospitalité. Que la paix du Seigneur soit avec vous tous ! Au revoir, en Égypte !

 

[Service d'information 141 (2013/I) 10-11]