Adresse pour la Vénération de la Sainte Couronne d’épines

Paris, Eglise Saint-Germain l’Auxerrois, 12 février 2022

 

Éminence, Excellences, Messeigneurs,
chers Pères, Frères et Sœurs,

Je voudrais tout d’abord exprimer ma profonde gratitude à Son Excellence Monseigneur Georges Pontier pour ses paroles de bienvenue, ainsi qu’à Monseigneur Patrick Chauvet pour son accueil dans cette vénérable église Saint-Germain l’Auxerrois. Je veux aussi remercier vivement le Métropolite Hilarion de Volokolamsk et la délégation du Patriarcat de Moscou pour cette opportunité de vénérer ensemble la Sainte Couronne d’épines, en cet anniversaire de la rencontre historique de Sa Sainteté le Pape François et de Sa Sainteté le Patriarche Kirill de Moscou.

En cet anniversaire et en cette ville, comment ne pas évoquer un autre moment historique des relations entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe russe ? Je veux parler de la venue à Paris, en 2007, de Sa Sainteté le Patriarche Alexis II, de bienheureuse mémoire, qui accomplit la première visite d’un Patriarche de Moscou à l’invitation d’une Église catholique locale. Le sommet de cette visite fut précisément la vénération de la Sainte Couronne d’épines dans la Cathédrale Notre-Dame de Paris, devant des milliers de fidèles, le 3 octobre 2007.

Le pèlerinage à la Sainte Couronne d’épines réunit les chrétiens sur leur chemin vers la pleine communion. La Couronne tressée par les soldats et posée par dérision sur le chef du Christ (Jean 19, 2) unit les chrétiens dans leur foi commune que, comme le dit l’Apôtre Pierre, c’est « par ses blessures, [que] nous sommes guéris » (1 P 2, 24). La Couronne unit les chrétiens dans l’adoration de l’unique Seigneur et Sauveur qui, à l’heure de sa Passion, a prié pour « que tous soient un » (Jean 17, 21).

Mais en vénérant la Couronne d’épines, les chrétiens font aussi mémoire de tous ceux qui, par fidélité à la foi, ont été unis à la Passion du Seigneur. Ce sont les martyrs de nos Églises, tout particulièrement ceux du XXe siècle, mais aussi ceux d’aujourd’hui qui, au prix de leur vie, témoignent de l’Évangile. Comme l’affirme si justement la Déclaration commune du Pape François et du Patriarche Kirill de 2016 : « Nous croyons que ces martyrs de notre temps, issus de diverses Églises, mais unis par une commune souffrance, sont un gage de l’unité des chrétiens » (n. 12). À ces chrétiens s’adresse la parole de l’Apôtre : « Heureux l’homme qui supporte l’épreuve avec persévérance… il recevra la couronne de la vie promise à ceux qui aiment Dieu » (Jacques 1,12,).

Frères et sœurs, puisse notre pèlerinage commun à la Sainte Couronne d’épines raviver notre espérance de recevoir nous aussi, au terme de notre pèlerinage terrestre, cette « couronne de vie promise à ceux qui aiment Dieu ». Puisse ce pèlerinage être un symbole et un témoignage du chemin commun de nos Églises vers la pleine communion. Puisse-t-il renforcer notre conviction que c’est en nous rapprochant du Christ que nous nous rapprocherons les uns des autres, soutenus par la prière de tous les saints et martyrs de nos Églises déjà unis par leur souffrance au nom du Christ et qui portent, eux aussi, la « couronne de justice » (2 Timothée 4,8).

Oui, puissent les blessures du Christ nous guérir de nos divisions et nous conduire vers la pleine communion, vers le jour béni et tant espéré où orthodoxes et catholiques pourront célébrer ensemble au même autel et communier ensemble à la même coupe, « afin que le monde croie » (Jean 17, 21). Amen.