DÉCLARATION COMMUNE DE JEAN-PAUL II
ET DE L'ARCHEVÊQUE DE CANTORBÉRY

5 décembre 1996

 

Une fois de plus, dans la ville de Rome, un Archevêque de Cantorbéry, Sa Grâce George Carey, représentant la Communion anglicane, et l’Évêque de Rome, Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II se sont rencontrés et se sont unis en prière.

Conscients que le second millénaire chrétien, qui touche désormais à sa fin, a été le témoin de divisions, et même d’hostilités ouvertes et de conflits parmi les chrétiens, nous prions avec ferveur pour la grâce de la réconciliation. Nous avons prié ardemment pour la conversion — la conversion au Christ et les uns aux autres dans le Christ. Nous avons demandé que les catholiques et les anglicans puissent recevoir la sagesse de connaître et la force d’accomplir la volonté du Père. Cela permettra le progrès vers la pleine unité visible qui représente le don de Dieu et notre appel.

Nous avons rendu grâce pour le fait que dans de nombreux endroits du monde, les anglicans et les catholiques se reconnaissent mutuellement comme frères et sœurs dans le Christ et expriment cette reconnaissance à travers la prière commune, l’action commune et le témoignage commun. Cela atteste la communion que nous sommes conscients de partager déjà en vertu de la miséricorde divine et démontre notre intention de la conduire à sa plénitude, selon la volonté du Christ. Nous avons rendu grâce en particulier pour l’esprit de foi dans les promesses de Dieu, l’espérance constante et l’amour réciproque qui ont inspiré tous ceux qui ont œuvré pour l’unité entre la Communion anglicane et l’Église catholique depuis que nos prédécesseurs, l’Archevêque Michael Ramsey et le Pape Paul VI, se rencontrèrent et prièrent ensemble. Dans l’église de Saint-Grégoire au Cœlius, nous avons rappelé avec gratitude l’héritage commun des anglicans et des catholiques, enraciné dans la mission au peuple anglais que le Pape Grégoire le Grand confia à saint Augustin de Cantorbéry.

Depuis plus de 25 ans, un dialogue théologique international constant et assidu a été entrepris par la Commission internationale anglicane-catholique romaine (ARCIC). Nous confirmons les signes de progrès apparus dans les déclaration d’ARCIC I en ce qui concerne l’Eucharistie et la compréhension du ministère et de l’ordination, qui ont reçu une réponse faisant autorité de la part des deux partenaires du dialogue. ARCIC II a présenté des déclarations supplémentaires liées au salut et à l’Église, à la reconnaissance de l’Église en tant que communion, et au genre de vie et de fidélité au Christ que nous cherchons à partager. Ces déclarations méritent d’être plus amplement connues. Elles exigent une analyse, une réflexion et une réponse. Actuellement, la Commission internationale s’efforce de développer une convergence en ce qui concerne l’autorité dans l’Église. Sans un accord dans ce domaine, nous ne pourrons atteindre la pleine unité visible à laquelle nous sommes tous deux engagés. L’obstacle à la réconciliation que représente l’ordination sacerdotale et épiscopale des femmes dans certaines provinces de la Communion anglicane est également devenue de plus en plus évident, créant une nouvelle situation. À cet égard, il semble opportun, à cette étape de notre parcours, d’examiner plus en détail la façon dont les relations entre la Communion anglicane et l’Église catholique peuvent progresser. Dans le même temps, nous encourageons ARCIC à poursuivre et à approfondir notre dialogue théologique, non seulement sur les sujets liés à nos difficultés présentes, mais également en ce qui concerne des domaines où un accord complet n’a pas encore été atteint.

Nous sommes appelés à prêcher l’Évangile, en insistant «à temps et à contretemps» (2 Tm 4, 2). Dans de nombreux endroits du monde, les anglicans et les catholiques cherchent à apporter un témoignage commun face au sécularisme croissant, à l’indifférence religieuse et à la confusion morale. A chaque fois que cela est possible, ils doivent apporter un témoignage commun de l’Évangile, car nos divisions portent atteinte au message de réconciliation et d’espérance de l’Évangile. Nous invitons nos fidèles à utiliser pleinement les ressources dont ils disposent déjà, comme par exemple, le Directoire pour l’Application des Principes et des Normes sur l’Œuménisme (1993) de l’Église catholique. Nous les appelons à se repentir pour leurs actions passées, à prier pour la grâce de l’unité, à s’ouvrir au pouvoir transformant de Dieu et à coopérer de toutes les façons appropriées au niveau local, national, et provincial. Nous prions pour que l’esprit du dialogue prévale, afin de contribuer à la réconciliation et empêcher l’apparition de nouvelles difficultés. A chaque fois que des actions montrent des signes d’une attitude de prosélytisme, elles empêchent notre témoignage commun et doivent être éliminées.

Nous attendons avec impatience la célébration des 2000 ans qui se sont écoulés depuis que le Verbe s’est fait chair et a habité parmi nous (cf. Jn 1, 14). Cela représente une occasion pour proclamer à nouveau notre foi commune en Dieu, qui a tant aimé le monde qu’il a envoyé son Fils, non pas pour condamner le monde, mais pour que le monde puisse être sauvé par lui (cf. Jn 13, 16-17). Nous encourageons les anglicans et les catholiques, ainsi que tous leurs frères et sœurs chrétiens, à prier, à célébrer et a témoigner ensemble en l’An 2000. Nous lançons cet appel dans un esprit d’humilité, en reconnaissant qu’un témoignage crédible ne pourra être apporté que lorsque les anglicans et les catholiques, ainsi que tous leurs frères et sœurs chrétiens, atteindront cette unité pleine et visible qui correspond à la prière du Christ «pour que tous soient un […] afin que le monde croie» (Jn 17-21). 

 

Rome, Saint-Grégoire au Celio, 5 décembre 1996.

 

 

[Service d'information 94 (1997/I) 22-23]