DÉCLARATION COMMUNE DE JEAN-PAUL II
ET DE L'ARCHEVÊQUE RUNCIE

29 mai 1982

 

1. Dans cette église cathédrale du Christ à Cantorbéry, le Pape et l’archevêque de Cantorbéry se sont rencontrés la veille de la Pentecôte afin d’offrir des actions de grâces à Dieu pour les progrès réalisés dans l’œuvre de la réconciliation entre nos deux communions. Avec les chefs des autres Églises chrétiennes, nous avons écouté la parole de Dieu: ensemble nous nous sommes rappelés notre commun baptême et avons renouvelé les promesses faites à ce moment-là: ensemble nous avons reconnu le témoignage de ceux que leur foi a poussés à sacrifier le don précieux de la vie elle-même au service des autres — à la fois dans le passé et à l’époque moderne. 

2. Le lien de notre commun baptême qui nous a greffés sur le Christ a amené nos prédécesseurs à engager un dialogue sérieux entre nos Églises: dialogue fondé sur les Évangiles et les anciennes traditions communes, dialogue qui a pour but l’unité pour laquelle le Christ a prié son Père. «Afin que le monde sache que tu m’as envoyé et que tu les a aimés comme tu m’as aimé» (Jn 17, 23). En, 1966, nos prédécesseurs, le Pape Paul VI et l’archevêque Michaël Ramsey, ont fait une Déclaration commune annonçant leur intention d’inaugurer entre l’Église catholique romaine et la Communion anglicane un dialogue sérieux qui «comprendrait non seulement les questions théologiques telles que les Ecritures, la Tradition et la liturgie, mais aussi les difficultés pratiques ressenties de chaque côté (Déclaration commune, § 6). Après que ce dialogue eut déjà produit trois déclarations sur l’Eucharistie, le ministère et l’ordination et l’autorité dans l’Église, le Pape Paul VI et l’archevêque Donald Coggan, dans leur Déclaration commune en 1977, ont profité de l’occasion pour encourager l’achèvement du dialogue sur ces trois questions importantes, de manière que les conclusions de la Commission puissent être évaluées par les autorités respectives à travers les procédures appropriées à chaque communion. La Commission internationale anglicane-catholique romaine a maintenant terminé la tâche qui lui avait été assignée et a publié son Rapport final et, pendant que nos deux communions procèdent à cette évaluation nécessaire, nous nous unissons pour remercier les membres de la Commission de leur dévouement, de leur savoir et de leur intégrité dans cette tâche longue et exigeante, entreprise pour l’amour du Christ et l’unité de son Église. 

3. L’achèvement du travail de cette Commission nous oblige à regarder vers l’étape suivante de notre commun pèlerinage dans la foi et dans l’espérance, vers l’unité à laquelle nous aspirons. Nous avons tous deux convenu que l’heure est maintenant venue de créer une nouvelle Commission internationale. Sa tâche sera de continuer l’œuvre déjà commencée, d’examiner, surtout à la lumière de nos jugements respectifs sur le Rapport final, les différences doctrinales majeures qui nous séparent encore en vue de leur solution éventuelle, d’étudier tout ce qui nous empêche de reconnaître réciproquement les ministères de nos Églises, et de recommander les dispositions pratiques qui seront nécessaires lorsque, sur la base de notre unité dans la foi, nous pourrons en venir au rétablissement de la pleine communion. Nous nous rendons bien compte que la tâche de cette nouvelle Commission ne sera pas facile, mais nous sommes encouragés par notre confiance en la grâce de Dieu et par tout ce que nous avons déjà vu de la puissance de cette grâce à l’œuvre dans le mouvement oecuménique de notre époque. 

4. La poursuite de ce nécessaire travail de clarification théologique doit s’accompagner du travail zélé et de la prière fervente des catholiques romains et des anglicans partout dans le monde, alors qu’ils s’efforcent de grandir dans la compréhension mutuelle, l’amour fraternel et le témoignage commun de l’Evangile. Une fois de plus, nous lançons donc un appel aux évêques, au clergé et aux fidèles de nos deux communions dans tous les pays, diocèses et paroisses où les fidèles vivent côte à côte. Nous leur recommandons instamment de prier pour ce travail et d’employer tous les moyens possibles pour le faire progresser par leur collaboration, en approfondissant leur fidélité envers le Christ et en étant ses témoins devant le monde. C’est seulement par cette collaboration et cette prière que le souvenir des inimitiés passées pourra être guéri et que nos antagonismes passés pourront être surmontés. 

5. Notre but ne se limite pas à l’union de nos deux seules communions à l’exclusion des autres chrétiens, mais s’étend au contraire à l’accomplissement de la volonté de Dieu pour l’unité visible de tout son peuple. A la fois dans notre propre dialogue actuel et dans celui des autres chrétiens entre eux et avec nous, nous reconnaissons dans les accords que nous avons réalisés, et dans les difficultés que nous rencontrons, une nouvelle invitation à nous abandonner totalement à la vérité des Evangiles. C’est pourquoi nous sommes heureux de faire aujourd’hui cette Déclaration, en la présence appréciée de tant de frères chrétiens, dont les Églises et les communautés sont déjà partenaires avec nous par la prière et par le travail pour l’unité de tous. 

6. Avec eux nous voulons servir la cause de la paix, de la liberté humaine et de la dignité de l’homme, pour que Dieu soit réellement glorifié dans toutes ses créatures. Avec eux nous saluons au nom de Dieu tous les hommes de bonne volonté, à la fois ceux qui croient en lui et ceux qui le cherchent encore.

7. Ce lieu sacré nous rappelle la vision du Pape Grégoire, quand il envoyait saint Augustin en Angleterre comme apôtre plein de zèle pour prêcher l’Evangile et faire paître le troupeau. En cette veille de la Pentecôte, nous nous tournons de nouveau par la prière vers Jésus, le bon Pasteur, qui nous a promis de demander au Père de nous donner un autre Défenseur pour rester avec nous pour toujours, l’Esprit de vérité (Jn 14, 6) qui nous conduira vers l’unité parfaite à laquelle il nous appelle. Confiants dans la puissance de ce même même Esprit, nous nous engageons à nouveau dans la tâche de travailler pour l’unité, avec une foi ferme, une espérance renouvelée et un amour toujours plus profond.